YVES JAMAIT – Depuis vingt ans, le Gavroche de Dijon chante la comédie des humbles avec sa voix papier de verre. Deux haltes hivernales entre Charente et Gironde.
Jamait, en marge des circuits obligés
Et en plus, il peint. Un chien bleu aux yeux Bambi nous regarde sur la pochette de son huitième album tout chaud. L’Autre. Récurrente profession de foi chez cet homme à casquette et gouaille rocailleuse. Yves Jamait n’a cessé depuis 2003 de regarder cet autre, en, avec et face à lui. Le cuisinier, qui à 40 ans se met à la musique, a la modestie conquérante de ceux qui n’étaient pas destinés à être cooptés, à faire tanguer une salle. Des salles qu’il remplit, des disques qu’il vend par brassées en marge des circuits obligés.
Son rayon : un guinguette-rock où la vie grince, souffre, rayonne, déborde. Porté par une voix qui caresse ou éructe, ses chansons sont faites des négligés et de leur désarroi, des sentiments aussi nobles chez les salariés que chez les actionnaires. Cela fait se gausser les salons, cela réchauffe les cœurs chauds comme des marrons sous les gilets, jaunes parfois.
L’Autre, nouvel album d’Yves Jamais
Chez Jamait, même les silences sont bavards. Dans ce nouvel album plus introspectif, le chanteur de Je passais par hasard a la soixantaine un rien bluesy, maudissant gentiment. Le rock y est toujours naïf, la poésie sans pose a les rimes accueillantes comme le « Bar à Jamait », concept de concert partagé avec collègues de goualante depuis dix ans.
Quand il est la tête d’affiche, le poulbot est un volcan joyeux, clown triste ou vanneur, se dépêchant d’amasser les haleurs. Les fidèles sur scène (Samuel Garcia en tête) ou devant : le public de Jamait est comme le bonhomme, discret dans la rue, luxuriant au comptoir avec les amis.
✍️ Yannick Delneste
Yves Jamait
Vendredi 20 janvier, 20h30, Le Vingt Sept, Rouillac (16)
Jeudi 26 janvier, 20h30, Théâtre Femina, Bordeaux (33)