Eclipso propose à Bordeaux une aventure en réalité virtuelle avec « Un soir avec les impressionnistes » plongeant le visiteur à l’avant-garde de l’impressionnisme dans le Paris du XIXe siècle. Un voyage étourdissant.
L’immense Paul Cézanne avait-il un accent méridional prononcé ? Difficile de ne pas le croire après l’avoir entendu parler par le truchement de l’installation immersive « Un soir avec les impressionnistes », proposée à Bordeaux par la société Eclipso. Une épopée artistique de 45 minutes, développée de concert par Excurio, Gedeon Expériences, et le musée d’Orsay à l’occasion des 150 ans de la naissance de l’impressionnisme.
Voyage artistique spatio-temporel
Après avoir revêtu un casque de réalité virtuelle et reçu les consignes en préambule, direction le Paris du XIXe siècle avec son lot de calèches, de pigeons (déjà) et de gentilshommes. La foule de détails et la portée des décors proposés sont bluffantes malgré quelques zones floues. En témoigne la façade du tout nouvel opéra Garnier, pas encore inauguré, qui fait face aux visiteurs numériques. L’attention notable portée à l’univers sonore réhausse encore l’expérience.
La suite de ce voyage spatio-temporel est prise en charge par Rose, guide tridimensionnelle au grand cœur, conviant à la suivre au 35, boulevard des Capucines, adresse mythique du photographe Nadar qui accueille en ce 15 avril 1874 la première exposition impressionniste. Un scandale pour l’époque tant les tableaux aux murs — signés Monet, Degas, Pissarro, Cézanne, Morisot ou Sisley — révolutionnent la peinture académique traditionnelle.
En « tête-à-tête »
Donnant corps à ce grand soir acrylique, les artistes prennent vie et s’apostrophent, lançant de fougueuses discussions, expliquant la disruption de leurs œuvres. Instructive et vivante, cette odyssée immersive est aussi bien pensée, entraînant les visiteurs dans des décors variés de la guinguette de la Grenouillère à l’appartement du peintre Frédéric Bazille, en passant par Le Havre, où Monet peindra son iconique Impression, soleil levant. En chemin, les clés essentielles pour comprendre l’époque artistique (salon des Refusés, démocratisation du chemin de fer…) sont astucieusement disséminées. À noter aussi, des « tête-à-tête » avec des artistes commentant en détail l’une de leurs toiles à l’image de Berthe Morisot avec Le Berceau.
Seuls moments de flottement, un séquençage un peu haché de la narration avec un effacement du décor pour permettre aux visiteurs de bien se positionner avant la scène suivante. Mais pas de quoi ternir ce retour vers le futur de l’histoire de l’art.
Guillaume Fournier
Informations pratiques
« Un soir avec les impressionnistes »,
Paris 1874, Eclipso, Bordeaux (33).