Dans la famille des pianistes contemporains nourris à l’ambient, je demande le surdoué minimaliste Melaine Dalibert, héritier de Brian Eno et Vera Molnár. Rendez-vous à Limoges pour un concert-hommage à Keith Jarrett.
Derrière l’arbre trompeur de l’étiquette « néo-classique » (très à la mode dans les playlists des plateformes de streaming) se cache heureusement une forêt de pianistes contemporains fascinants. On pense notamment à Sylvain Chauveau, Vanessa Wagner ou, notre principal intéressé, Melaine Dalibert de passage à l’opéra de Limoges ce 23 janvier.
Le Rennais, souvent associé au minimalisme de Steve Reich, se réclame plutôt de l’artiste plasticienne Vera Molnár. Un lien moins évident de prime abord, mais très révélateur du rapport de Dalibert à la création, héritage direct de celle qui abordait sa pratique « avec une rationalité mêlée de fantaisie, une sorte d’hybridation joyeuse entre la science et le champ artistique ».
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Compositions algorithmiques écrites à la main
Plus concrètement, le pianiste a, dès ses premiers albums parus sur les exigeants labels Another Timbre et Elsewhere, expérimenté la composition algorithmique, soit des suites d’opérations écrites à la main, jamais à l’aide d’un ordinateur, précise-t-il. À des motifs répétitifs, s’ajoute donc une notion de surprise, plus que de hasard ; le fameux 1% de désordre, pour reprendre le titre d’une œuvre de Molnár.
Une musique comme un souffle retenu, immédiatement pénétrante et introspective, mais tout aussi fragile, comme si le silence pouvait l’engloutir à tout moment. Avec Cheminant et Infinite Ascent, il annonce pourtant un virage moins solennel, avec des morceaux plus courts et mélodiques. Impression confirmée par sa première sortie en 2021 sur l’étiquette Ici d’ailleurs (Yann Tiersen, Matt Elliott), l’excellent Shimmering.
Pas du genre à tourner en rond, cet hyperactif, coureur de fond, enseignant et organisateur du festival Autres Mesures à ses heures perdues, s’est lancé un nouveau défi : la réinterprétation du mythique concert improvisé de Keith Jarrett, enregistré à Cologne en 1975. La première, donnée à Limoges, est évidemment à ne rater sous aucun prétexte.
Benjamin Brunet
Informations pratiques
Melaine Dalibert – « The Köln Concert de Keith Jarrett »,
jeudi 23 janvier 2025, 19h,
Opéra de Limoges (87).