Imaginée et portée par l’Ordre des architectes de Nouvelle-Aquitaine, cette première biennale se déroule du 12 au 14 octobre, à Limoges. Cet événement festif et culturel nous est présenté par sa directrice artistique, Nicole Concordet, et la présidente de l’Ordre, Virginie Gravière, toutes deux architectes[1].
Quel message souhaitez-vous faire passer avec ces rencontres ?
Nicole Concordet : Nous défendons l’idée que l’architecture est un bien commun et concerne tout le monde ! Nous évoluons tous les jours dans des bâtiments qui ont été conçus par des architectes, des équipements publics, des lieux de patrimoine… C’est aussi une discipline transversale qui est à la fois culturelle, technique, artistique, vivante…
Virginie Gravière : À travers ces rencontres, nous voulons sensibiliser le public à la qualité architecturale. Les crises que nous traversons actuellement touchent tout le monde, en particulier dans l’habitat, et les architectes apportent des solutions au quotidien.
Un mot du lieu… Pourquoi cette ancienne caserne ?
N.C. : J’ai passé beaucoup de temps à visiter des lieux et j’ai trouvé la caserne Marceau vraiment intéressante. Elle a été rachetée par la municipalité de Limoges il y a une dizaine d’années, c’est un site en devenir et son implantation offre un panorama remarquable sur la ville. Ces Rencontres d’Architecture en Mouvement seront peut-être une occasion de préfigurer de nouveaux usages et de montrer son potentiel de réhabilitation.
Parlons de la programmation…
N.C. : Nous avons fait en sorte qu’elle soit la plus ouverte possible… Il y a des expositions, des visites, des débats, mais aussi des concerts, des projections de films… C’est une immersion en territoire limousin et l’occasion de tisser des partenariats avec des structures locales. Cette première édition est une biennale initiatique que l’on invente en faisant !
V.G. : Les Rencontres d’Architecture en Mouvement ont été imaginées comme une manifestation itinérante. Les prochaines permettront d’explorer d’autres territoires en Nouvelle-Aquitaine, en révélant leurs singularités et leurs talents, dans une région très vaste ! Pour cette première édition, le CAUE [Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement, ndlr] 87 organise des visites dans Limoges, les quatre Maisons de l’Architecture de Nouvelle-Aquitaine proposent des ateliers pédagogiques, des expositions… Un workshop est organisé avec les étudiants de l’école de design de La Souterraine, de même qu’une collaboration avec le lycée des métiers du bâtiment de Felletin…
C’est très large…
N.C. : Oui, car ces Rencontres ne sont pas un salon professionnel et nous n’avons pas voulu créer de hiérarchie dans les interventions. Il y a des tables rondes sur des sujets actuels comme la question du réemploi, des matériaux biosourcés et géosourcés, des filières du cadre bâti… Mais aussi de la danse ou une fanfare ! Chacun peut venir puiser ce dont il a envie, nous voulons aussi créer l’étonnement et susciter des questionnements, sans se limiter à une vision technique, en s’inspirant de créations artistiques, de points de vue différents…
V.G. : Le fil conducteur de ces journées, c’est aussi le plaidoyer rédigé par l’Ordre des architectes. Celui-ci défend l’idée que l’architecture est porteuse de solutions face aux crises actuelles et notamment l’urgence climatique. Le but est de rassembler des publics différents en montrant une forme d’engagement des architectes, une démarche d’ouverture et toujours leur volonté de soutenir des projets de qualité.
Nous présenterons aussi en avant-première les maquettes réalisées cet été par les étudiants de l’école d’architecture de Bordeaux et d’universités japonaises et ukrainiennes, sur des formes d’habitat temporaires adaptées aux situations d’urgence. Ces réalisations sont également montrées lors du congrès Woodrise qui se tient à Bordeaux du 17 au 20 octobre.
En conclusion ?
N.C. : Ces Rencontres sont la mise en application de ce que l’on pense, en tant qu’architectes mais aussi en tant que citoyennes. Pour les préparer, nous sommes allés à la rencontre des personnes, nous avons identifié avec elle les ressources disponibles sur place, autant humaines que matérielles… Exactement comme si l’on travaillait sur un projet d’architecture, avec beaucoup d’échanges et de pédagogie !
Propos recueillis par Benoît Hermet
Informations pratiques
Rencontres d’Architecture en Mouvement,
du jeudi 12 au samedi 14 octobre,
Limoges (87).
- Nicole Concordet a réalisé entre autres la réhabilitation du Lieu Unique à Nantes, du Confort Moderne à Poitiers, ou encore celle de la Cité Claveau à Bordeaux. Virginie Gravière est cofondatrice avec Olivier Martin de l’agence AGRAM à Bordeaux qui compte de nombreuses réalisations à son actif (refuge de Patiras, chalet François Mauriac de Saint-Symphorien, ancienne caserne Niel devenue l’écosystème Darwin…).