Rami Khalifé, le virtuose franco-libanais du piano contemporain, adepte du road-movie musical et jamais là où on l’attend, pose son clavier le temps de deux dates à Limoges et Pau.
Il aime triturer son instrument de façon peu conventionnelle mais, à la différence d’un Nils Frahm, qui « joue du piano pour ceux qui n’écoutent pas de piano », la musique de Rami Khalifé nécessite un temps d’apprivoisement. Tel un animal sauvage, elle peut surprendre, bondir, agresser. Pleine de contrastes, elle oscille entre ombre et lumière, bruit et apaisement, minimalisme et grandiloquence.
C’est que le prodige (diplômé de Juilliard), enfant de la balle (fils du joueur d’oud Marcel Khalifé et frère du multi-instrumentiste Bachar), manie aussi bien les touches que Picasso les pinceaux. Et, à l’instar du maître qui a voulu toute sa vie apprendre à dessiner comme un enfant, il se plaît à déconstruire son art en passant à la moulinette classique, jazz et musiques du monde, dans un jeu de collages et de ricochets sonores.
Rami Khalifé, avide d’expérimentations en tous genres
Avide d’expérimentations en tous genres (electro avec le projet Aufgang, bruitisme avec son album Chaos, musique contemporaine avec Francesco Tristano, concerts symphoniques immortalisés sur Stories et son Requiem for Beirut…), il publie en 2018 Lost, son album le plus personnel et abouti, né d’un voyage vers son Liban natal.
Une redécouverte parfois douloureuse d’un pays quitté enfant, immortalisée sur film par François Rousseau et projetée lors d’une tournée « ciné-concert ». Une formule souvent adoptée par Khalifé, dont la musique scénique se marie volontiers à l’image.
Habitué à jouer dans des lieux improbables, il préfère squatter le foyer de l’opéra plutôt que sa grande scène ou poser son piano dans une université : mais que nous réserve-t-il cette fois-ci ?
Benjamin Brunet
Informations pratiques
Rami Khalifé,
jeudi 21 mars, 19h,
Grand-Théâtre — Foyer du public, Opéra de Limoges, Limoges (87).
vendredi 29 mars, 20h30,
La Centrifugeuse, Pau (64).