Bordant le lac de Lacanau, au Moutchic, dans le Médoc, La Java est une ancienne demeure de villégiature rénovée pour laisser place à un projet artistique local. Un écrin encore à polir où le travail du sculpteur local Franck Collin est présenté tout l’été.

C’est jour de fête en ce samedi ensoleillé aux abords de la plage du Moutchic, près de Lacanau, en Gironde. À quelques encablures du centre-bourg, un bâtiment tranche avec le calme de la route longeant la paisible étendue. Ici, c’est La Java.

« Aujourd’hui, c’est la Java des petits commandants », explique Lucas Lopes, cofondateur du projet et canaulais d’adoption. Traduction : une journée dédiée aux enfants avec de nombreuses activités.

Mettre en avant les acteurs culturels locaux

Du yoga à la réalisation d’une fresque murale, toutes ont un point commun : mettre en avant des acteurs culturels locaux. Un événement symbolique de l’ADN de ce qui est en train de prendre forme ici : un lieu de vie festif entremêlant création artistique, culturelle et pédagogique, tout en mettant à l’honneur les acteurs du territoire. 

Ce projet novateur, baptisé La Java, porté par Lucas Lopez et Thomas Blacharz, danseur itinérant, prend place dans un lieu rénové récemment : la Maison du Commandant, une superbe villa à étages, construite en 1908, au moment où Le Moutchic se rêvait un destin de nouvel Arcachon,– un projet avorté. Par la suite, le site connaîtra de multiples affectations, servant par exemple de quartier des officiers américains en 1917-1918. Abandonnée, la villa et sa cage d’escalier en forme de phare amenant à une vue à 360 degrés sur le lac seront finalement restaurés en 2017 pour ouvrir un nouveau chapitre, culturel cette fois.

Les sculptures uniques de Franck Collin

À l’intérieur de la bâtisse, tout reste à faire ; les murs à nu prouvent que de nombreux travaux sont encore à réaliser. Qu’importe, le site, comprenant aussi une maison un peu plus loin dans le jardin, est aujourd’hui un lieu d’exposition. C’est au rez-de-chaussée dans l’escalier et au premier étage que Franck Collin, sculpteur autodidacte et habitant du Moutchic, a exposé ses œuvres réalisées à partir d’un matériau unique : du bois pétrifié.

Un trésor récupéré en plongeant au fond du lac où se trouve cette matière première exceptionnelle qui attend sagement depuis plus de 2 000 ans ! Recouvert par des couches de sédiments, ce végétal est en train de se transformer en pierre. Une fossilisation amenant une patine de brillance aux sculptures. Plutôt que de briser le travail du temps et de l’eau, Franck Collin préfère le sublimer. Il brosse et ponce une partie de ce qui devient sous sa main une œuvre d’art. Ici pas de cartel explicatif. Chacun est libre de voir ce qu’il veut et de faire travailler son imaginaire.

Un précieux savoir-faire mis en image avec un film visionnable sur place. Les explications bienheureuses n’enlèvent pas l’aura de mystère se dégageant de ces fascinantes pièces, œuvres immémoriales qui donnent un aperçu de la future utilisation d’un bâtiment devant pleinement ouvrir à l’horizon 2025. Ce clin d’œil artistique millénaire vaut assurément le détour.

Guillaume Fournier

Informations pratiques

« Racines, au-delà du lac », Franck Collin,
La Java, Le Moutchic (33).
Ouvert tous les week-ends jusqu’au samedi 31 août.

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