Road movie produit en total indépendance par Arthur Chassagne, ce film documentaire narre le voyage d’une bande d’artistes ayant pour mission de faire passer la flamme des sentiments entre amis ou au sein d’une même famille. Enthousiasmant.
Avez-vous récemment pensé à dire « Je t’aime » à vos proches ? Ces simples mots sont parfois difficiles à sortir. Certains y arrivent en envoyant des chocolats, pour d’autres ce sont des bouquets de roses… Avec Pour tenter de te dire, Arthur Chassagne innove.
Grâce à son premier long métrage, le jeune réalisateur de 23 ans invite sur grand écran à une aventure et une réflexion aussi intime qu’universelle. Comment démontrer à ceux qui comptent le plus pour nous, le lien unique qui nous relie ? Pour répondre à cette question abyssale, cet ancien pensionnaire du cours Florent, propose de passer par une aide artistique extérieure.
Une bande de jeunes artistes en herbe
À bord d’un camping-car, loué pour l’occasion et rempli de jeunes artistes en herbe de sa connaissance, il part avec son insouciance et sa flopée de bons sentiments sur les routes de France à la recherche de passions à dévoiler au grand jour.
Au total, il y aura quatre haltes, plus une dernière en bonus ; dont on ne divulguera pas le ou les destinataire(s) pour laisser la surprise intacte. À Toulouse, Cauterets, Bandol ou Bordeaux, l’armée artistique reproduit la même technique. Une arrivée tout sourire, une compréhension des enjeux, un processus de création puis le bouquet final d’émotions avec, souvent, des larmes de joie au rendez-vous. Il faut dire que cette équipe qui opère à cœur ouvert à du talent pour exprimer les mots qui restent coincés dans la gorge, ceux qui provoquent un raz-de-marée lacrymal impossible à surmonter.
Jérémy Mutin (chanteur et comédien), Kémil (humoriste), Antoine de Arthèche (rappeur), Jimmy Lassalle (danseur et chorégraphe) et Lucas Richard (humoriste) évoluent dans des sphères différentes, ne se connaissaient pas avant le début du tournage, mais, réunis par Arthur Chassagne, toujours derrière la caméra, ils arrivent à créer une nouvelle manière de dire je t’aime à chaque situation.
Road-movie sentimental
Difficile de dévoiler les secrets de ces magiciens des bons mots au risque de divulgâcher l’intérêt du film, toutefois, chaque message possède son propre biais de communication. Et il varie forcément d’une envie de dire merci à une amie à la déclaration d’amour d’une famille à un père. Des aventures qui apportent aussi la preuve que l’amour n’est pas forcément l’exclusivité de la relation amoureuse, plus que représentée au cinéma.
La division en chapitres quasiment sans lien les uns par rapport aux autres ne nuit pas pour autant au rythme général de ce road-movie sentimental. On se laisse facilement submerger par ce flot d’humour, de joie, et d’amour sincère. Une bouffée d’air frais bienvenue réveillant en chacun bienveillance et empathie pour les autres.
Un budget de 20 000€
Un message porté avec une farouche indépendance par Arthur Chassagne. Tourné en trois semaines, pour un budget dérisoire de 20 000€, ce projet n’a bénéficié d’aucun soutien financier extérieur.
Un effort financier qui laisse l’idéaliste qui a vécu, écrit et filmé cette œuvre avec des chaussures trouées comme il l’avoue le jour de la présentation de son long métrage. Il reste toujours à la recherche d’une production et/ou d’une diffusion pour donner plus de visibilité à ce film documentaire.
Et c’est aujourd’hui la principale critique que l’on peut formuler, ce souffle frais, n’a seulement été projeté que lors de deux séances de présentation, toutes deux pleines à craquer. Un malheur pour les spectateurs potentiels qui doivent se contenter, pour l’heure, de la bande-annonce et d’extraits diffusés avec parcimonie sur les réseaux sociaux…
En attendant un happy end — une véritable sortie de la salle —, nous sommes confrontés à l’envie de dire « Je t’aime » à nos proches. Difficile de ne pas se projeter dans ces histoires vécues, à la fois singulières et empreintes de sentiments résonnants avec nos parcours de vies. Voilà qui tombe bien, une carte postale est distribuée à la sortie du film pour passer à l’acte… Reste à savoir les mots à choisir pour tenter de leur dire.
Tatiana Delage & Guillaume Fournier