[Guide des formations] Maison bordelaise fondée en 1808, la Philomathique de Bordeaux dispense des formations professionnelles et des ateliers du soir dans les métiers d’art et d’artisanat, dont la mode. Ses couloirs, qui bourdonnent d’une activité intense, diffusent la puissance de sa vénérable histoire.

Derrière la porte de la Philomathique, en plein cœur de Bordeaux, c’est l’effervescence en cette fin de journée. Il est 18h et les élèves des formations professionnelles quittent les lieux quand ceux des ateliers du soir arrivent tout juste.

Le majestueux hall monumental du XIXe siècle devient alors hall de gare où chacun finit par y trouver ce qu’il cherche : une reconversion réussie, l’envie de maîtriser un art manuel ou simplement la nécessité de créer de ses mains. Et cela dure ici depuis 1869, date de l’installation de la « Philo » au 66 rue Abbé-de-l’Épée, avec 5 000 m² de surface. Dans les années 1970, jusqu’à 8 000 étudiants s’y pressaient.

La Philomathique de Bordeaux est une association reconnue d’utilité publique. Elle compte aujourd’hui près de 700 apprenants, dont 150 dans les parcours professionnels, répartis autour des métiers du bois, de la mode, de l’ameublement, et de l’art. Le Pôle Mode regroupe à lui seul une quarantaine d’étudiants qui y préparent un CAP vêtement flou, ou un CAP tailleur. D’un côté, le vêtement féminin, jupe, blouse, chemisier travaillés dans des tissus dits fluides… De l’autre, les pièces structurées, pantalons, manteaux, gilets… Pour intégrer le cursus, un test en ligne, puis un dossier identifiant la motivation et le projet professionnel du candidat permettent de former les promotions réalistes et sûres de leur ambition.

Des élèves d’horizons divers

La moyenne d’âge est de 34 ans. Les profils s’y mêlent, entre des personnes déjà rompues aux métiers et venues se perfectionner, et des débutants motivés, parfois surdiplômés dans d’autres spécialités. Durant 8 mois et environ 500 heures de travaux, ce groupe va pouvoir préparer son CAP grâce à une formation certifiée Qualiopi (ministère du Travail). 98% des élèves y obtiennent leur diplôme.

Les ateliers disposent de volumes impressionnants dont les parquets de fines lames rehaussent encore le cachet. Protectrice revendiquée des traditions des métiers d’art, la Philomathique en impose par ses murs, mais aussi par ses formations. Ici, on y apprend les techniques pour la confection de vêtements et accessoires – modélisme, stylisme –, l’histoire du costume, mais aussi le juridique, les business plans pour celles et ceux qui veulent tenter l’aventure de l’entreprise.

La Philo s’est même adossée récemment à une couveuse d’entreprises Anabase, située à deux pas, afin de créer un nouveau pont entre études et vie active. Si certains créeront leur marque ou leur magasin, d’autres reprendront des enseignes, de création ou de retouche, élargissant ainsi le socle des compétences nécessaires.

Parmi les tendances dans lesquelles versent les promotions actuelles, le goût du costume et de l’habillage. La proximité de l’Opéra de Bordeaux suscite à ce titre des envies, et aussi des stages. Les étudiants peuvent d’ailleurs passer une période de minimum trois semaines en entreprise durant l’année de formation.

Des « MAF » à foison

Les candidatures au concours du Meilleur Apprenti de France sont légion. Une trentaine d’apprenants de la Philomathique y participent dans leur spécialité chaque année. L’école est d’ailleurs l’entité la plus récompensée au niveau régional (Il faut avoir 21 ans maximum pour participer aux concours nationaux). Une reconnaissance unique de la profession, signe d’excellence.

Tournée vers les enjeux de développement durable, l’établissement vise le réemploi des matières au maximum. Entre les dons d’entreprises et l’usage de tissus labellisés (coton, lin, chanvre), la conscience écologique est ainsi partagée avec des étudiants de plus en plus concernés par la problématique. Une « matériauthèque » devrait même voir le jour afin de constituer un stock de matière première biosourcée.

À terme, la Philo souhaite également développer un concept de résidence d’artistes et d’artisans dans ses locaux. Certains élèves tout juste diplômés pourront s’installer plusieurs mois afin de développer leur activité et de profiter de la communauté d’actuels et anciens étudiants pour garnir leur répertoire de clients. Une façon de continuer de s’inscrire dans la tradition de la Philomathique et de son écosystème fourmillant de talents et de compétences qui fait tout le sel de l’endroit.

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Article issu de notre supplément Guide des Formations 2024 à retrouver en version PDF