L’été dans nos parcs (1/5). Cet été, JUNKPAGE vous propose un voyage au cœur des Parcs naturels de la région, trésors ouvert à l’année et souvent méconnus. Première escale au Parc Naturel Médoc, un continent à part au nord de la Gironde.
À l’origine
On pourrait commencer par la définition car de quoi parle-t-on ? Un parc naturel régional (PNR) est un territoire rural habité, reconnu au niveau national pour sa forte valeur patrimoniale et paysagère, qui s’organise autour d’un projet concerté de développement durable fondé sur la protection et la valorisation de son patrimoine.
Il est louable de le rappeler car ce label – tout sauf d’agrément – ne s’obtient pas en claquant des doigts. Ce n’est que le 26 mai 2019, par décret du Premier ministre, que 20 ans de projet ont enfin abouti – le PNR Médoc devenant le 54e PNR en France ! 1999, création par le Département de la Gironde du Pays Médoc. 2009, bilan décennal. Ambiance anxiogène, on parle alors d’un port méthanier au Verdon. Les élus se mobilisent. Appuyée par la Région, la nécessité de promouvoir ce territoire fait jour.
Il faudra encore patienter dix ans, au cours desquels les étapes se succèdent : diagnostic et faisabilité (concernant le patrimoine naturel, culturel et immatériel), puis l’étude d’opportunité et, enfin, la phase de concertation entre élus et habitants. Une fois le graal conquis, il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers car un label s’obtient pour 15 ans avant d’être réévalué. Son obtention est liée à la signature d’une charte fixant des objectifs.
Et la fameuse charte réunit un sacré tour de table : le Département de la Gironde, la Région Nouvelle-Aquitaine, les 4 communautés de communes (Médoc Atlantique, Médoc Cœur de Presqu’île, Médullienne et Médoc Estuaire), 51 communes moins une irréductible (on vous laisse la dénicher), Bordeaux-Métropole et 4 villes portes (Blanquefort, Eysines, Parempuyre et Saint-Aubin-de-Médoc). Le tout respectant scrupuleusement le code de l’environnement !
Petit précis de géographie
Enserrée entre deux étendues d’eau – l’océan Atlantique à l’ouest, l’estuaire de la Gironde à l’est –, la géographie du Médoc est dictée par le flux du fleuve et le flot de l’océan.
À l’époque romaine, le Médoc présentait une tout autre physionomie : Cordouan ou la pointe de Grave étaient des îles, l’estuaire échancrait profondément la rive, faisant de Lesparre un port et, face à l’océan, le cordon dunaire formait un chapelet d’îlots.
Terre mouvante, le Médoc n’a été fixé dans sa forme actuelle qu’à la suite de deux vastes entreprises : l’assèchement par les Hollandais et Flamands des marais du Bas-Médoc, achevé au XVIIe siècle puis, au XIXe siècle, la plantation de pins maritimes pour arrêter la marche des sables sur la côte atlantique.
Les paysages et milieux, aujourd’hui reconnus pour leur caractère exceptionnel tant sur le plan environnemental que paysager, sont donc le fruit de la main de l’Homme. La préservation des richesses environnementales qu’ils abritent dépend donc d’une gestion responsable de ces milieux.
Et cet ensemble géographique unique en son genre peut aussi bien s’apprécier à pied (on évoque la possibilité d’un futur GR Soulac-La Réole), à cheval, à bicyclette et en train (de Blanquefort jusqu’à la pointe du Verdon).
Médoc ou Médocs ?
Concrètement, qu’est-ce que le Médoc ? Une sacrée diversité : son littoral atlantique, sa lande girondine, sa façade estuarienne, sa forêt, ses vignes, ses marais, sa biodiversité, son patrimoine bâti remarquable, son patrimoine vernaculaire et sa forte identité (au-delà des clichés chasse, pêche et traditions), mais aussi ses zones humides et ses fameux lacs (Hourtin, Carcans et Lacanau, du nord au sud). Sans oublier, uniques en Gironde, ses deux bacs : Le Verdon/Royan et Lamarque/Blaye.
Et demain ?
Dans un souci de promotion louable et parce que le Médoc, c’est aussi la table, les itinéraires gourmands dans les PNR mettent à l’honneur un sacré ambassadeur : le chef Gabriel Gette. Cet enfant du pays, après avoir établi une solide réputation avec son restaurant Le Saint Seurin, « la cantine des châteaux », sacré par Gault et Millau, a intégré cette année, pour le compte de la famille Cazes, les cuisines du restaurant gastronomique de Cordeillan-Bages et du Café Lavinal. On ne pouvait rêver mieux.
Côté publication, le guide décalé Bonjour Médoc, signé Gabriel Bord, Ulrich Legait et Julianne Huon, est annoncé pour janvier 2021 chez Deux Degrés.
Enfin, la patience est de mise avant de pénétrer la Maison de Parc. Si le PNR a acquis en 2019 deux hectares de terrain et un ancien corps de ferme, la ferme de Lorthe, à Saint-Laurent-Médoc, le programme des travaux, lui, s’annonce conséquent. En attendant, l’accueil du public se fait dans des locaux à proximité de la mairie de la commune. Pour les brebis égarées, 5 offices de tourisme (Cœur-Médoc, Médoc Estuaire, Médoc Atlantique, Médoc Plein Sud et Pauillac) et un seul site : medoc-tourisme.com Bon voyage !
Le parc en chiffres
- 234 000 hectares
- 135 000 hectares de forêt
- 102 750 habitants
- 20 000 hectares de marais estuariens
- 17 000 hectares de vignobles
- 97 kilomètres de littoral
- 79 kilomètres de façade estuarienne
- 51 communes
- 29 boucles, circuits et sentiers
- 6 sites Natura 2000
- 4 communautés de communes
- 4 grandes entités paysagères
- 2 chemins de Compostelle : la Voie de Soulac et la Voie de Tours
Les 10 incontournables du patrimoine
- Le plus noble : le phare de Cordouan
- Le plus estuarien : le phare de Richard
- Le plus Vauban : le fort Médoc
- Le plus roman : l’abbaye de Vertheuil
- Le plus impressionnant : la basilique Notre-Dame-de-la-fin-des-Terres
- Le plus médiéval : la tour de l’Honneur
- Le plus gallo-romain : le site archéologique de Brion
- Le plus vache marine : la réserve naturelle de l’étang de Cousseau
- Le plus lagune : la réserve naturelle nationale des dunes et marais d’Hourtin
- Le plus enivrant : la route des châteaux
Informations pratiques
Parc naturel régional Médoc,
21, rue du Général-de-Gaulle, 33112 Saint-Laurent-Médoc
Tél. : 05 57 75 18 92