Depuis le 1er janvier 2023, l’Opéra de Limoges intègre la gestion de la scène danse de la ville. Une inclusion qui se fait en douceur tant les échanges entre les deux pôles étaient déjà développés comme le prouve la programmation du nouvel opéra Faust. Alain Mercier, directeur général et artistique, revient en détail sur les changements en cours dans son établissement.
✏️ Guillaume Fournier
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Quels sont les liens historiques entre l’Opéra et la scène danse à Limoges ?
La scène danse apparaît dans les années 1980 au sein d’un réseau porté par la Ville : les centres culturels municipaux. Rapidement, elle se structure sous une forme festivalière avec la biennale Dance émoi. La danse va être reconnue au début des années 2000 avec l’obtention du label « scène conventionnée ». Depuis les années 1990, l’Opéra est partenaire de cette scène. Pour des raisons pratiques, notamment, puisque nous avons la capacité d’accueillir de grandes formes chorégraphiques avec beaucoup d’interprètes.
Notre relation régulière s’est même renforcée quand j’ai décidé, à ma prise de fonctions, de ne pas maintenir notre petite troupe de danseurs car les conditions n’étaient pas réunies pour les faire correctement travailler. Une partie des moyens a alors été réinvestie pour la programmation en collaboration avec la scène danse, portée par les centres culturels.
La reprise du centre culturel Jean-Moulin va-t-elle changer le visage du paysage de la danse à Limoges ?
Depuis le 1er janvier, l’Opéra intègre dans sa gestion et son projet artistique — pour en faire un projet global lyrique musical et chorégraphique — la scène danse. En plus, l’Opéra prend les rênes de l’exploitation d’un deuxième lieu, le centre culturel Jean-Moulin.
Un endroit excentré à la lisière entre deux quartiers prioritaires avec une population dense. Ce lieu va être rénové et transformé par la Ville à l’horizon 2025 ; l’objectif est d’y regrouper toute la filière danse. Il y aura la programmation de spectacles, les pratiques amateurs avec les ateliers, la médiation et aussi les infrastructures pour le conservatoire. Nous voulons en faire un lieu de connexion, de service et d’échange avec les populations des quartiers à proximité. Un projet artistique, pédagogique et de médiation.
Quels sont les autres projets qui vont se dérouler dans ces nouveaux murs exploités par l’Opéra ?
Le piège serait de spécialiser les lieux. Bien sûr, la programmation danse se déroulera pour l’essentiel à Jean-Moulin, mais on ne va pas se priver de faire des propositions variées dans les deux salles. Par exemple, la saison prochaine, on va accueillir une production très urbaine du ballet Casse-Noisette sur le plateau de l’Opéra, sans orchestre.
Le piège serait de spécialiser les lieux
Quelques jours plus tard, on fera à Jean-Moulin un concert symphonique avec les deux suites de Casse-noisette de Tchaïkovski interprétées par l’orchestre de l’Opéra. Le projet artistique de ce nouvel endroit, tel que nous l’avons travaillé, est résolument tourné vers les cultures urbaines sous toutes les formes et vers les jeunes. Donc, on pourra aussi développer une scène musicale qui appuie cette orientation du projet chorégraphique.
Qu’est-ce que l’intégration de ce lieu va changer pour l’Opéra de Limoges ? Plus d’autonomie dans la conception des spectacles en s’appuyant sur d’autres disciplines ?
L’Opéra a une identité lyrique avec tous ses métiers, ses savoir-faire, mais a toujours été assez ouvert. Cette nouvelle intégration n’est pas une rupture, plutôt la poursuite d’un opéra transdisciplinaire. Notre ambition, c’est d’essayer de faire se rencontrer des logiques complémentaires et de tracer des chemins qui peuvent s’articuler favorablement avec la création musicale.
Cette nouvelle intégration n’est pas une rupture, plutôt la poursuite d’un opéra transdisciplinaire
En quoi Faust illustre-t-il cette nouvelle logique entre l’Opéra et cette scène danse qui passe sous son giron ?
Il tombe à point nommé même si la production avait été lancée bien en amont. C’est tout de même le résultat de notre collaboration historique avec la scène danse. Les deux chorégraphes qui assurent la mise en scène, Benjamin Lamarche et Claude Brumachon, sont des artistes qui ont beaucoup travaillé avec la scène danse de Limoges.
Dans leur vision, ce Faust va être vraiment une sorte de rencontre entre le corps chantant et le corps dansant. Ils ont décidé d’apposer une sorte de miroir aux personnages. À chacun des personnages de la distribution sera accolé un double chorégraphique.
Informations pratiques
Faust, de Charles Gounod, livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après Goethe, direction musicale:Pavel Baleff, mise en scène: Claude Brumachon & Benjamin Lamarche.
Mercredi 15 mars, 20h, vendredi 17 mars, 20h, dimanche 19 mars, 15h,
Opéra de Limoges, Limoges (87).
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