Le compositeur et metteur en scène Roland Auzet et le plasticien et performer Olivier de Sagazan proposent une création scénique, Nous sommes la terre à l’Opéra de Limoges à partir de la Grande Messe en ut mineur de Mozart. De cette partition au lyrisme sublime et poignant, ils tirent une méditation sur le lien entre l’homme et sa planète, marquée du sceau de la réconciliation.
Des quelque 18 messes composées par Mozart, la Messe solennelle en ut mineur, dite « Grande Messe »en raison de ses proportions inédites, est sans doute — avec son Requiem, naturellement — la plus fameuse.
Avec le Requiem, elle partage également le fait d’être restée inachevée, non pas du fait de la mort prématurée du compositeur (elle fut écrite en 1782-83, par un Mozart d’à peine 27 ans), mais pour diverses raisons liées peut-être à son adhésion prochaine à la franc-maçonnerie. Elle présente la particularité d’être l’unique messe votive composée par Mozart ; une promesse en vue de la guérison de Constance, qui n’était alors que sa fiancée. Empreinte de l’influence de Bach et Haendel, elle est également parcourue par un lyrisme et un souffle proprement opératiques.
Création scénique autour d’un chef d’œuvre
Ce sont précisément ces « espaces dramatiques » qu’ont retenus en premier lieu le compositeur et metteur en scène Roland Auzet et le plasticien et performer Olivier de Sagazan (père de…) pour la création scénique que l’Opéra de Limoges leur a commandée autour de ce chef-d’œuvre.
Sous le titre Nous sommes la terre, celle-ci pose la question du rapport à notre planète. Il ne s’agit pas « de mettre en scène un “Requiem” pour la planète », mais « une narration autour de l’idée d’abandon, d’un lâcher-prise qui pourrait déboucher sur des issues fatales pour nous toutes et tous » ; non pas de sombrer dans la nostalgie ou dans le pessimisme, mais d’exalter un engagement « nourri de colère et de générosité ».
Réconcilier l’homme et sa terre
De réconcilier non seulement le corps (symbolisé par la sculpture) et l’âme (dévoilée par le chant), mais surtout l’homme et sa Terre, laquelle ne saurait plus longtemps être considérée comme une matière inerte que l’on pourrait continuer d’exploiter à loisir…
À l’argile, matériau privilégié d’Olivier de Sagazan, dont le caractère organique et malléable est riche de potentialités métaphoriques, viendra se mêler la vidéo (signée par le compositeur Wilfried Wendling), dans un décor recyclé d’un ancien spectacle de Roland Auzet : un écrin idéal et singulier pour magnifier la puissance musicale et spirituelle de cette pièce portée par quatre solistes, un double chœur et l’Orchestre de l’Opéra de Limoges sous la direction de Nicolas André.
David Sanson
Informations pratiques
Nous sommes la terre, création scénique d’après la Grande Messe en ut mineur KV 427 (1783) de W. A. Mozart, Orchestre symphonique de l’Opéra de Limoges Nouvelle-Aquitaine, direction musicale de Nicolas André, chœur de l’Opéra de Limoges, cheffe de chœur Arlinda Roux-Majollari, du jeudi 4 au vendredi 5 avril, 20h,
Opéra de Limoges, Limoges (87).