Quand Kraftwerk rencontre le garage rock : c’est la formule gagnante de Meule, trio französisch à deux batteries. Tour de piste à Agen et Bayonne.
Qu’on se le dise, il devient audacieux de tourner en tant que groupe de rock de nos jours. Qui veut encore accueillir quatre ostrogoths mal dégrossis aux guitares hurlantes ? C’est qu’il faut leur payer un cachet, les nourrir et les abreuver, quand deux rappeurs novices ou un DJ propret feront bien l’affaire.
Mais quelques intrépides persévèrent, voire en rajoutent ; à l’heure où les vans remplis de matos se font régulièrement dévaliser, certaines formations se paient carrément le luxe de tourner avec deux batteurs. Le résultat en vaut la chandelle, pour quiconque a déjà vu se démener sur scène les parrains Osees ou King Gizzard & The Lizard Wizard.
Comme si Kraftwerk s’était mis à la muscu
Les anglophones n’ont toutefois pas le monopole du cool ; chez nous aussi le concept, visuellement et rythmiquement hypnotique, fait fureur grâce au trio de Meule. Une bécane bien rodée (un album et un EP au compteur) et au moteur gonflé avec sa cylindrée batterie-batterie-synthé.
Car oui, non contents de se trimballer le double de fûts et de cymbales, les trois Tourangeaux emportent aussi dans leurs valises un gros machin modulaire qui permet à Valentin Pedler de sortir des sonorités acides comme un bonbon psyché.
Fort de cette approche vintage, le groupe rappelle les grandes heures du krautrock, comme si Kraftwerk s’était mis à la muscu. Pour autant, le but des cogneurs ici (Doris Biayenda et Léo Kapes) n’est pas tant d’assourdir le public que de servir une transe répétitive, mécanique et groovy. Pour preuve, l’épopée No Couchette qui se transforme sur scène en petit quart d’heure tortueux et imprévisible. Ronronnante ou rugissante, cette maschine-là réserve bien des surprises.
Benjamin Brunet
Informations pratiques
Lysistrata + Meule,
samedi 5 octobre, 20h30,
Le Florida, Agen (47).
Meule + YGGL,
mercredi 18 octobre, 21h30,
Le Magnéto, Bayonne (64).