À la Vieille Église de Mérignac, le photographe girondin Christophe Goussard agite la puissance suggestive des cours d’eau dans une exposition orchestrée par Émilie Flory.
Depuis 1994, son travail photographique l’a mené à la périphérie nord de Bordeaux, en Mongolie, où il a partagé le quotidien d’éleveurs nomades, à Alexandrie, en Égypte, en Syrie, à Lyon dans des prisons chargées d’Histoire ou encore, plus récemment, le long de l’ancienne RN89 reliant autrefois Lyon à Bordeaux. Jusqu’au dimanche 9 avril, Christophe Goussard expose ses pérégrinations dans l’exposition photo « Fleuves » à la Vieille Eglise de Mérignac.
Aussi différents soient-ils, chaque projet s’échafaude autour d’invariables : de nombreuses lectures liminaires, la spontanéité des rencontres et des échanges, sans oublier le vélo ou la marche, des modes de progression lents et fructueux qui permettent de maintenir sur le qui-vive celui à qui il importe de se placer en position de guetteur.
L’appel du grand large et de la photo argentique
À la Vieille Eglise de Mérignac, « Fleuves » embrasse un thème qui habite Christophe Goussard depuis son enfance : l’eau. « Je suis né à Blaye, au bord de l’estuaire de la Gironde. Un lieu qui m’a donné à rêver, à contempler et qui m’a donné envie de voyager. Enfant, du haut de la citadelle, je scrutais l’horizon parsemé d’îles en songeant à ce qu’il y avait au-delà. »
En 2013, l’appel de cet imaginaire initie « L’adieu au fleuve ». Un récit intime sur ces terres familières qui ont nourri ses souvenirs d’enfance façonnés d’escapades buissonnières, d’ennui et d’histoires fabuleuses contées par ses parents et ses grands-parents. Réalisé en noir et blanc avec un appareil argentique, cet ensemble précède « Entre fleuve et rivière ».
« Fleuves », une exposition pour laisser libre cours à son imaginaire
Entamé en 2017, à la suite de sa rencontre avec le photographe québécois Charles-Frédérick Ouellet, ce dernier part sur les traces de ces nombreux navigateurs basques partis chasser la baleine au Québec, au Labrador et à Terre-Neuve au XVIe siècle. Mêlant réalité et fiction, la série aborde cette histoire avec un regard singulier porté sur les paysages basque et canadien arpentés par ces marins.
Un troisième volet, toujours en cours, nous embarque cette fois sur les bords de l’Adour perturbé par le réchauffement climatique. Construite par la critique d’art Émilie Flory, qui signait l’édition 2022 de L’été photographique de Lectoure, l’exposition se construit autour de ces trois séries et prend le parti de laisser libre cours à l’imaginaire. Délestées de cartels et d’indices capables de déterminer la date et le lieu des photographies, les images nous embarquent dans des déambulations poétiques, oniriques, mythologiques et universelles autour des étendues d’eau.
Informations pratiques
« Fleuves », Christophe Goussard,
jusqu’au dimanche 9 avril,
Vieille Église, Mérignac (33).
Anna Maisonneuve
3 commentaires