Les Archives départementales de la Gironde accueillent deux expositions mettant en lumière certaines des heures sombres de la Seconde Guerre mondiale dans le département au camp d’internement de Mérignac ou au camp de Souge. 

Pierre Lérein, Jean Mette, Pierre Crassat, Louis Boria, René Pezat ou encore Robert Laurent, voici quelques-uns des 256 fusillés au camp de Souge en Gironde entre 1940 et 1944 par l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale. 

En cette année de commémoration du 80e anniversaire de la fin de cette déflagration meurtrière, les archives départementales de la Gironde font le choix salutaire du devoir de mémoire en accueillant dans les espaces d’entrée du public deux expositions qui dialoguent et donnent à voir une partie de la barbarie mise en place par les nazis et les autorités de collaboration.

Comprendre l’ampleur du massacre

L’une d’entre elles revient sur l’histoire sanglante qui entoure le deuxième lieu de fusillade en France durant le conflit, après le mont Valérien, le camp de Souge. Dans un parcours imaginé chronologiquement par l’association des fusillés de Souge, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale s’entremêle fatalement avec celle de la répression allemande. Une vingtaine de panneaux permet d’évoquer aussi la diversité des horizons des fusillés. Il y avait des résistants bien sûr, venant de différents groupes (le groupe des postiers, le réseau Jove …) mais aussi des otages. Les chiffres tragiques s’enchaînent comme le fait que 43 % d’entre eux n’avaient pas 30 ans.

Face à l’absurdité des nombres, reste la force de l’incarnation personnelle pour comprendre l’ampleur du massacre. Ainsi, faire le tour des trois interminables panneaux regroupant tous les noms des défunts donne la mesure de ce que représente la mort de 256 personnes. Et même plus en comptant les femmes, mères et sœurs arrêtées en même temps que les hommes. Beaucoup seront emprisonnées dans la région ou au fort de Romainville, en Seine-Saint-Denis. 17 d’entre elles périront dans les camps de concentration.

Se souvenir de l’horreur pour ne pas la revivre

Certains de ces destins brisés passeront aussi par le méconnu camp d’internement de Mérignac. Conçue par la Ville de Mérignac, cette deuxième exposition retrace l’histoire de ce lieu de répression qui servira à interner les « indésirables » du régime de Vichy et de la zone occupée (Tziganes, Juifs, opposants politiques, réfractaires au travail obligatoire…) pendant quelques jours, semaines, mois, voire années. Dans des conditions plus que sommaires, plus de 8 730 personnes seront internées dans ce camp dont l’existence perdurera jusqu’en 1949. 

Toutes deux didactiques, les propositions s’appuient sur des documents des Archives départementales, dont certains originaux sont sortis durant les conférences et tables rondes. Dans une société gagnée par l’oubli et l’outrance, rien ne vaut un petit rappel pour retrouver la mémoire et éviter ainsi que l’Histoire se mette à bégayer. 

Guillaume Fournier 

Informations pratiques

« Les 256 de Souge, le camp d’internement de Mérignac 1940-1944 »,
jusqu’au vendredi 27 juin,
Archives départementales de la Gironde, Bordeaux (33).