En avril, bien manger ne tient pas qu’à un fil mais à des recommandations éclairées. Reprenons ensemble les bases avec un petit-déjeuner dans quatre adresses testées, et approuvées pour vous à Bordeaux et Saint-Jean-de-Luz. Direction donc Basta kiosque, Terre de beaulieu, Au Pétrin moissagais et Bocata.
BASTA KIOSQUE
Il s’est écoulé deux ans avant que le kiosque de Pey-Berland, à Bordeaux, ne reprenne vie, au pied de la flèche, sous l’impulsion de Manon Locteau et Maxime Morcelet, déjà coutumiers du fait avec les projets artistiques et culinaires de Gang of Food et la cantine de la bibliothèque, le Café BB.
Mi-kiosque de presse, mi-coffee shop de poche, ce lieu de vie et surtout de passage revit sous la forme d’un kiosque moderne qui propose un combo nourriture pour le corps et l’esprit à base de boissons de spécialité et titres de presse.
9h, les cloches sonnent l’appel du second petit-déjeuner. Jeunes actifs assoiffés de caféine, retraités habitués en quête de leur gazette quotidienne ou curieux en transit entre deux lignes de tramway s’y pressent.
Les boissons y sont impeccablement sourcées : le café du voisin Piha, le thé de Vrac et la chicorée Cherico (une chicorée nouvelle génération, biologique et française). Côté snack, on y déguste autant des pâtisseries comme le marbré, une big madeleine ou un cookie sarrasin-chocolat que du salé avec un croissant jambon-fromage ou une omelette.
- L’adresse : Basta Kiosque, Place Pey-Berland, 33000 Bordeaux
TERRE DE BEAULIEU à Bordeaux
Ce serait une erreur professionnelle d’écrire une chronique petit-déjeuner en omettant de parler de Terre de Beaulieu. Et pour cause, rares sont les artisans en agglomération bordelaise à maîtriser de bout en bout leur chaîne d’approvisionnement comme de production. C’est ici le cas grâce à Angélique et Jean-Christophe, paysans à Mareuil-en-Périgord (Dordogne) et boulangers en ville, à Bordeaux.
Cette boulangerie se distingue à plusieurs niveaux. Déjà, ils ne cultivent et travaillent que des variétés de blé ancien, non hybridées, comme le blé rouge de Bordeaux ou le Rouge de Roc. Ensuite, ici, tout est au levain, des pains aux viennoiseries. Derrière cet innocent croissant, on retrouve un savoir-faire humain qui requiert temps et patience, estimé à 30 heures de pousse pour une viennoiserie.
Enfin, tous les ingrédients sont sélectionnés de façon minutieuse : des œufs fermiers, du lait de producteur de la région, du café torréfié par Oven Heaven, des fromages et charcuteries artisanales et locales. Croquer dans leur chocolatine fut pour moi une révélation : un plaisir coupable du matin presque parfait, digeste, dense et de qualité rare jusqu’à la barre de chocolat (issue d’une fève du Honduras, cultivée-transformé en mono-variété par la marque Xoco). On ressort nourri et rassasié au sens noble du terme. Pour le petit-déjeuner, la boulangerie ouvre dès 8h, du mardi au samedi, et à 9h le dimanche.
- L’adresse : Terre de Beaulieu, 11, rue Duffour-Dubergier, 33000 Bordeaux
AU PÉTRIN MOISSAGAIS à Bordeaux
Nichée au beau milieu du cours de la Martinique, frontière du castrum des Chartrons bordelais, il existe une boulangerie qui ne manque pas de cachet. Sa spécialité ? Le pain gascon (un pain au levain à croûte épaisse, dit pain de longue garde, cuit à chaleur tombante en four à bois). L’autre star des lieux trône fièrement depuis 1764 au fond de la boulangerie : il s’agit du four à bois lui-même.
Et on peut dire qu’il en a cuit des miches, lui, depuis sa mise en service, et toujours actif au XXIe siècle pour régaler les palais locaux. Dès le matin, une grande table de ferme en bois vous accueille pour le petit-déjeuner avec, au choix, une boisson chaude, un jus d’orange pressé, une viennoiserie (soit un addictif croissant au beurre ou un classique à la margarine), du bon pain, du bon beurre et de la confiture.
À table, on y parle prix du mètre carré ou encore équilibre vie pro-perso avec un groupe de filles partant embaucher, le tout sur fond d’Alain Bashung hurlant dans le vieux poste de radio. Une tranche de vie qui se savoure comme une tranche de bon pain, sans plus savoir quelle année, ni quel mois, ni même quelle heure il est.
- L’adresse : Au Pétrin moissagais, 72, cours de la Martinique, 33300 Bordeaux
BOCATA à Saint-Jean-de-Luz
Déjà 4 ans que Bocata s’est imposé au Pays basque comme un haut lieu du casse-dalle luzien. Ouverte dès 8h30, l’adresse, dotée d’une terrasse idéale pour se restaurer au soleil et d’un emplacement face à la gare, en fait un point d’étape parfait pour les touristes comme pour les locaux. Aux manettes, on retrouve Marieke en cuisine, et Lucas au café, pâtisseries et service.
Pour les becs salés matinaux, dès l’ouverture, bocadillos, quarts de baguette accueillant légumes du maraîcher, charcuteries du coin (jambon de chez Curutchet) et fromages d’une éleveuse basque, quand ce n’est pas de la tortilla avec de la mayo maison. Les saveurs changent au gré du marché et de votre karma. Le mien étant a priori au top ce jour-là, le bocadillo au Serrano sera une parfaite introduction au sandwich suivant, du midi cette fois-ci, à base de saucisse et de céleri rémoulade.
On comprend aisément pourquoi Bocata (dont le nom est un diminutif de bocadillo, sandwich en espagnol, et référence à l’hispanisme écrit avec un k pour bokata en basque) fédère une solide communauté d’adeptes, qui y défilent du lundi au vendredi jusqu’à 15h et un soir par semaine, pour l’apéro des copains.
- L’adresse : Bocata, 9, avenue de Verdun, 64500 Saint-Jean-de-Luz
Pauline “J’ai faim !” Lévignat