À l’occasion du centenaire de la naissance de Bernard Manciet et dans le cadre des manifestations prévues en Nouvelle-Aquitaine, la Villa Beatrix Enea, à Anglet, présente une remarquable exposition d’un vaste choix d’œuvres graphiques.

Son champ d’action est considérable. Bernard Manciet a abordé de multiples registres : poésie, roman, théâtre, musique et essai. Il a emprunté divers chemins et parcours pour transférer les énergies des uns dans les autres.

Mais, entre modernité et formes classiques, son geste créateur n’a jamais cessé d’alimenter et de mettre en évidence un même « feu poétique ». Son ancrage dans la Grande-Lande lui a donné une puissance de regard sur le monde et une écriture comme source d’une fougueuse virtuosité et d’un souffle particulièrement innovant.

Bernard Manciet, une œuvre pour plusieurs facettes

À l’occasion du centenaire de sa naissance célébré en Nouvelle-Aquitaine, la pluralité des manifestations montre l’imposante présence de ce tronc à mille branches et offre de nombreuses possibilités d’en découvrir toutes les résonances. De toutes les facettes de cette œuvre, il en est une moins connue et pourtant surprenante à bien des égards, celle des œuvres graphiques, visible à la Villa Beatrix Enea d’Anglet.

La production dessinée et peinte de Bernard Manciet ressemble au « bardadrac » de Gérard Genette : on y trouve de tout. Il suffit de déballer pour être saisi par ce généreux désordre enveloppé dans le tissu du vécu : des instants harponnés d’un trait de stylo ou de feutre, des nus académiques exécutés à la sanguine, à la craie ou à l’encre sépia, des portraits convoqués par d’abondantes touches de peinture, des abstractions calligraphiées à l’encre de Chine, des aquarelles ou des gouaches d’architectures, de paysages et de bouquets, mais aussi l’effervescence bariolée des mêlées de rugby et les élégances incisives des figures du déchirement comme El Yiyo ou Rachou, torero et écarteur, morts dans l’arène.

Gérard Manciet – Collection J.Nalis

Tout ça n’a rien d’un fourre-tout. Chaque élément a son histoire, participe à une autre forme d’écriture et apporte sa nécessaire contribution à la trajectoire d’un esprit libre.

« En un éclair » de génie

L’expression qui correspond le plus justement à cette pratique graphique, c’est « en un éclair ». Bernard Manciet a le don de l’immédiateté, de la spontanéité et la folle vitalité de la capture. Il privilégie l’acte du jaillissement et l’intensité de la trace avec sa part de mystère et sa force éclatante.

La rapidité d’exécution ne supprime rien mais condense et aiguise car ce qui est ainsi resserré, intensifié se donne mieux à voir et communique une vibration où se mêlent la légèreté et la gravité. Tout l’art ici réside dans cette capacité de découper dans le réel ou l’imaginaire le fragment le plus actif, l’étincelle la plus stimulante et le murmure le plus résistant. Le dessin concis, elliptique et d’une avidité heureuse trouve refuge partout : « griffonné dans les marges des livres, des traités », dans les marges de la vie de tous les jours, des rencontres, des découvertes et des émotions, dans celles « des corps de ballets c’est-à-dire dans les loges » et même dans celles du missel.

Cet exercice embarque à la fois l’homme et ses cercles familiaux, amicaux et intellectuels, dévoilant leurs échanges subtils, découvrant la proximité et la richesse de leurs relations.

Didier Arnaudet

Informations pratiques

« Bernard Manciet – Au pays de l’esquive »,
jusqu’au samedi 6 janvier 2024,
Centre d’art contemporain Villa Beatrix Enea, Anglet (64).
Un livre-catalogue est édité par les éditions confluences.


Le programme autour du centenaire de la naissance de Bernard Manciet est à retrouver ICI

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