Le Musée d’Aquitaine a rénové en profondeur la partie de son parcours permanent consacré aux XVIe et XVIIe siècles avec, en majesté, le cénotaphe de Michel de Montaigne.
Qui a dit que l’Histoire était poussiéreuse ? Certainement pas le musée d’Aquitaine. Depuis peu, en effet, l’établissement propose à ses visiteurs un réaménagement total des salles permanentes dédiées aux XVIe et XVIIe siècles. Une cure de jouvence qui aura nécessité près de cinq ans, des premiers croquis à la mise en place des dernières œuvres.
Chronologique, le parcours, découpé au total en 13 parties, débute avec le retour, en 1453, de l’Aquitaine dans le royaume de France. Un changement majeur dont on retrouve la trace dans les gravures, vitraux et, surtout, imposants bas-reliefs exposés. Des éléments qui soulignent aussi le passage de l’esthétique médiévale à l’art de la Renaissance, à l’image de la magnifique Porte d’Espagnet. Un décor sculpté de 3 500 kilos, autrefois rattaché à un immeuble qui a été détruit en 1846.
Le retour du cénotaphe de Michel de Montaigne
Ce réaménagement scénographique correspond aussi au retour d’une des œuvres iconiques de l’institution. Le fameux cénotaphe de Michel de Montaigne. Une pièce unique que l’on découvre au fil de la visite trônant au milieu d’une pièce dédiée à l’auteur des Essais. Exécuté en 1593, par les sculpteurs bordelais Prieur et Guillermain, ce monument funéraire a eu l’ironique privilège de connaître une seconde jeunesse en étant entièrement restauré.
Tableaux, cartels explicatifs, vidéo reproduisant son bureau à La Brède, objets de l’illustre philosophe (dont un bout de son bonnet) sont aussi présentés pour expliquer la vie de cet homme de lettres. Un précurseur de l’humanisme, courant intellectuel qui provoqua une effervescence de la pensée en Guyenne et qui a les faveurs d’un espace exclusif.
Une lourde exposition
Vie quotidienne, commerce et nouveau monde, château Trompette, religion… Les thèmes abordés dans les espaces suivants sont nombreux. L’impression générale n’est pourtant pas celle du trop-plein. Au contraire, ce riche déroulé historique se veut le plus didactique possible avec la présence de codes couleurs en fonction des époques et la présence de nombreux supports multimédias, dont une hypnotique vidéo dévoilant une carte du cours de la Garonne.
Il en résulte une lourde exposition au sens premier du terme puisque l’ensemble des pièces visibles pèsent près de 10 tonnes. D’ailleurs, à certains endroits, le sol a été renforcé avant la pose des œuvres ! Il en va ainsi pour la monumentale Cheminée dite Porte des Atlantes datant du XVIIe siècle. Une œuvre captivante au riche décor sculpté qui pèse plus de 3 tonnes !
Un élément laissant de marbre le cardinal François de Sourdis, dont le buste sculpté par Gien Lorenzo Bernini, dit le Bernin, posté un peu plus loin, est un chef-d’œuvre immanquable du nouvel accrochage. Une balade temporelle qui s’achève avec les premières lueurs du Roi-Soleil, Louis XIV couronné en 1654, soit un an après la reconquête de Bordeaux par le pouvoir central marquant la fin de la Fronde. La conclusion d’une période tumultueuse racontée sous un passionnant nouveau jour.
Guillaume Fournier
Informations pratiques
De Montaigne au Roi-Soleil,
musée d’Aquitaine, Bordeaux (33).