Une fois n’est pas coutume, égarons-nous (modérément) dans la métropole girondine avec un parcours autour du vin. Imaginé par l’Office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux Métropole, Bordeaux, balade sur les traces du vin dans la ville prend la forme d’une carte et permet de (re)visiter petits et grands lieux liés à l’histoire vitivinicole de la ville. Une boucle pédestre menant du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux à la Cité du Vin, en passant par la statue d’Alexis Millardet. Un parcours qui, en outre, ne fait pas l’impasse sur les lieux de dégustation.
Comme toujours, comme souvent, on espère de ce type de propositions qu’elles vous ouvrent les chakras et les yeux sur les faces cachées d’une ville ou qu’elles vous réconcilient avec cette dernière. On y est presque. Une carte, joyeusement illustrée par Grégoire Nayrand, une description de petits et hauts lieux du vin et quelques capsules sonores, pensées pour que la déambulation, d’à peu près deux heures, soit ludique et didactique. Ce projet rappelle que le vin a largement façonné cette ville ; du fameux quartier des Chartrons (le gros du parcours, disons-le tout de suite) à la Cité du Vin. Si cette balade sur les traces du vin dans la cité choisit de revenir sur les sites emblématiques et les marqueurs convenus, on parie que quelques-uns découvriront au bar du CIVB – à l’aide d’une capsule sonore, le parcours s’effectue en autonomie – les imposantes verrières de l’artiste René Buthaud et les allégories viniques contenues dans ses œuvres.
Cette pérégrination, et cela n’est pas la moindre de ses qualités, requiert de lever les yeux ; rue Tourat sur les vignes palissées ; rue Raze sur les mascarons et raisins en pierre de la maison de négociants ; ou, encore, quai des Chartrons sur la plaque commémorative en hommage à Thomas Jefferson. Le quartier des Chartrons, avec ses façades de maisons de négociants, de bouchonniers, d’imprimerie d’étiquettes, de fabrique de clissage, etc., offre, il faut bien le dire, de quoi alimenter des dîners d’historiens, d’architectes ou d’œnophiles pendant plusieurs années. On s’arrêtera bien entendu au 41 rue Borie pour aller s’engouffrer dans le musée du Vin et du Négoce et (re)découvrir l’histoire de cette place forte du vin longtemps codétenue par les Irlandais, les Anglais ou encore les Hanséatiques. On s’étonnera de trouver au cœur du jardin public la bonne figure d’Alexis Millardet, l’inventeur de la bouillie bordelaise en 1885. Cette dernière découverte révélant que les traces du vin ne sont bien entendu pas circonscrites au seul quartier des Chartrons, puisque la boucle vous conduira quai de Bacalan où vous admirerez une tête d’angelot sur la façade de la maison de courtage Ripert et place de la Victoire où vous apercevrez un imposant cep pré-phylloxérique, cornaquant, comme un pied de nez à l’histoire, une partie de la façade d’une enseigne américaine de restauration rapide…
Les bonnes adresses du vin
Le recto et le verso de la carte proposent, ce qu’on est en droit d’attendre d’une déambulation convoquant Épicure ou Bacchus, une vingtaine de caves et de cavistes. Le bar à vin Les Furies Douces (109 rue Notre-Dame) reste une agréable étape musicalo-vinique, allègrement tenue par Audrey qui fait la part belle aux vins de vigneronnes, aux vins en biodynamie. Le Clos des Millésimes s’est installé, bon an, mal an, comme un indiscutable spécialiste de la chose vinicole vertueuse. Les Trois Pinardiers, Cousin et Compagnie, Wine More Time, la Cave des Capucins, la CUV complètent parfaitement cette offre de lieux qui promeuvent le local et le bio.
Une carte pour réconcilier une filière avec les habitants ?
La proposition aurait pu encore nous conduire jusqu’à la cité Claveau, place d’un ancien vignoble, raconter le temps présent avec les chais du port de la Lune et faire meilleure place aux pratiques nouvelles, mais ne boudons pas notre plaisir ! Cette première initiative, imagine- t-on, sera suivie par un guide ultime des lieux indissociablement liés aux engagements vertueux d’une ville et d’une filière. On se demande également si, à l’heure du Bordeaux bashing et de la question prédominante des enjeux environnementaux, cette carte ne doit pas remplir une fonction majeure : à savoir, réconcilier une filière avec sa population. On passera rapidement sur le petit encadré titré « un vignoble engagé » (on s’interroge sur cette dénomination floue) pour s’attarder sur les deux témoignages, dans la quatrième capsule audio — Nea Berglund du Château Carsin et Pierre Cazeneuve du Château Paloumey, qui sont bien les visages aimables labellisés AB d’une nouvelle viticulture girondine.
Il semble qu’une carte dessinant les parcours iconoclastes serait à inventer pour lever un voile sur les vigneronnes alternatives et vignerons alternatifs représentant le visage de la polyculture, des usages nouveaux et autres façons d’envisager un métier voué à changer. Cette carte aura eu, répétons-le ici, le grand mérite de remplir un vide et d’initier une réflexion sur ce que la Métropole souhaite également montrer de l’engagement d’une partie importante de la filière vitivinicole.
Henry Clemens
BOUCLES À VÉLO
En complément à cette boucle citadine, la carte invite, via un flashcode, à emprunter trois parcours vélo — 9, 23 et 29 kilomètres — pour aller jusqu’aux portes médocaines de six châteaux et d’une ton- nellerie.
Bordeaux, balade sur les traces du vin dans la ville
Prix 3 € TTC (carte)
Office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux Métropole, 12 cours du 30-Juillet
bordeaux-tourisme.com
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