Succès nullement démenti, Via Sensoria, expérience inédite et complémentaire aux ateliers et expositions de la Cité du Vin à Bordeaux, revient jusqu’à l’automne avec force nouveautés.

Voyage, déambulation, traversée, Via Sensoria constitue une indéniable réussite. Pourtant, l’an passé, le pari était osé de proposer une forme totalement affranchie des figures imposées du genre.

Ni animation, ni gadget à la mode avec casque de réalité virtuelle, Via Sensoria offrait, au contraire, une espèce de parenthèse, entre millefeuille sensoriel (scénographie, éclairage, créations audiovisuelles, temps poétiques) et haltes dégustatives au rythme des saisons (sans musique d’attente signée Vivaldi, que l’on se rassure) et dans une approche tournée vers les vins du monde, guidée par un animateur-sommelier.

Une expérience forte, singulière et différente

Cette année, les fondamentaux demeurent afin d’offrir aux palais amateurs comme aux néophytes un « enchantement » en empruntant des chemins de traverse. Toutefois, le programme s’enrichit. Plus d’immersion, plus de sensorialité. L’objectif ? Une expérience forte, singulière et différente.

Notable nouveauté, un travail de fonds mené en partenariat avec une sophrologue collaborant de longue date avec des sommeliers. Accessible à tous, y compris aux enfants, Via Sensoria souhaite « dépasser la dégustation dans sa forme classique et attendue » au profit d’un « temps pour soi, promesse d’un nouveau voyage ». Preuve en est, si besoin, ici les verres sont sans pied pour mieux faire corps avec le nectar.

Printemps italien

Tout commence au clair de lune, à l’aube. Des projections en suspension, et non murales, évoquent les pétales d’une fleur. La vigne bourgeonne. Assis sur une large banque circulaire, on assiste à l’éveil de la nature quand les oiseaux pépiant annoncent le jour nouveau.

Pour célébrer ce renouveau, ce qui se trouve dans le verre va au-delà du regard et du toucher. Un Prosecco Superiore DOCG, issu du vignoble italien du Conegliano Valdobbiadene, pour symboliser l’effervescence. Nez voluptueux et hyper floral, bulles très fines, il pétille élégamment tout en procurant un réel apaisement.

Été provençal

Destination le Midi, historique terroir viticole français depuis près de 2 600 ans, pour l’étape estivale. Assis dans la fraîcheur d’un patio, où virevoltent des hirondelles comme échappées d’un collage d’Henri Matisse, plaisir de savourer un rosé, évidemment, d’une belle couleur pêche aux reflets dorés. Notes de melon et de mangue. Brillance et sapidité. Long en bouche et corps bien structuré passé la première gorgée. Le rosé, ne l’oublions pas, est un art de vivre.

Automne australien

Le temps des vendanges, de l’humus exhalant mille promesses. Poires juteuses, pommes tendres, fruits à coques, champignons, châtaignes et, bien sûr, raisins mûrs. Le pavillon joue des contrastes, du flamboiement du feuillage, au clair-obscur des intérieurs. Le choix se porte Down Under : vallée de la Barossa, Australie méridionale, à 60 kilomètres au nord-est d’Adélaïde. Un Penfolds Bin 2 Shiraz Mataro au nez incroyablement affirmé, jouant entre acidité, âpreté et astringence. Par son caractère tannique, ce rouge puissant appelle plats en sauce et gibier.

Hiver sur le Ciron

Jours raccourcis, frimas, douceur domestique, âtre crépitant, coussins moelleux, plaisir de l’intimité. Le grand écart des températures le long du Ciron qui traverse Sauternes et Barsac. Humidité matinale, sécheresse de l’après-midi, et le Botrytis cinerea à la fête. La « pourriture noble », qui permet la concentration des arômes et des sucres en desséchant le raisin. Dans le verre, une splendeur superlative : Château Rabaud-Promis 2018, Premier Grand Cru Classé 1855. Nez doux, sucrosité impeccable, équilibre de chaque instant de la première gorgée à la dernière note. Alliance évidente avec un chocolat de qualité, mais également avec un fromage bleu (Shropshire) voire un curry épicé. Ou comment retomber amoureux du liquoreux…

Voilà, une année s’est écoulée. Onirique et émouvante.

À SAVOIR

Nullement amateur d’alcool ou bien trop jeune ? Pas d’inquiétude, quatre boissons originales bio, de la Maison Meneau, sont proposées, allant du fizz pomme lavande au nectar de kiwi, en passant par un thé glacé hibiscus/fleur de sureau et un sirop de myrtille.

À noter que la dégustation s’accompagne cette année de Sarments du Médoc© proposés par Mademoiselle de Margaux, alliant l’intensité du cacao au yuzu et gingembre.

Junkpage

Informations pratiques

Via Sensoria,
jusqu’au dimanche 3 novembre,
Cité du Vin, Bordeaux (33).

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