WINE, FOOD & ROCK SESSION – Le 16 juin, à Bordeaux, la Rock School Barbey propose un moment improbable pendant lequel le rock se frotte au monde de la gastronomie et du vin. Emmanuel Rancèze, programmateur de la vénérable institution, initiateur du projet et œnophile transi, revient sur l’origine de l’événement et le manque comblé.
Propos recueillis par Henry Clemens
Quelle idée saugrenue d’associer riffs sales, beaux vins et grande gastronomie ?
Je suis amateur de vins comme de gastronomie et trouvais qu’il n’y avait pas beaucoup de transversalité entre la musique rock et le milieu du vin ou de la gastronomie. Des milieux cantonnés bien souvent à des univers élitistes et associés au jazz ou à la musique classique. En réalité, les cheffes et les chefs, les vigneronnes et les vignerons que je connais écoutent de la pop et du rock ! De ce constat, m’est venue l’idée d’une soirée dédiée à la musique, au vin et à la cuisine. Elle a trouvé son aboutissement dans Bordeaux So Good. Nous étions parmi les premiers, en 2015, à nous lancer dans cette aventure avec un chef, Iñaki Aizpitarte, particulièrement rock’n’roll !
Quels intérêts y voient ces grandes toques ?
Tous les chefs, dès le début, se sont montrés très intéressés par le concept parce qu’ils avaient envie de sortir de leur cuisine et du modèle dans lequel ils sont souvent enfermés. Et, aussi, rencontrer un public nouveau et différent. Pour cet exercice, ils montrent des choses qui correspondent à leur cuisine, à leur personnalité et à des tarifs très accessibles ! Ils le font tous pour la beauté du geste ! Cette année, je suis heureux de réunir des chefs comme Tanguy Laviale et Daniel Gallacher avec leur nouvel établissement Ressources ; Victor Ostronzec du Soléna ; Vivien Durand du Prince Noir ; et Maxime Le Lay du Memestra. Ils ont des personnalités très différentes, donc des cuisines différentes. Diego Cervantes et Blanca Bertely de la pâtisserie Mi Cielo seront également de la partie. Joël Dupuch, en habitué, viendra faire déguster ses huîtres d’exception ! Enfin, pour la première fois, nous accueillerons la fromagerie Deruelle. Ils ont toutes et tous un dénominateur commun la générosité…
« En réalité, les cheffes et les chefs, les vigneronnes et les vignerons que je connais écoutent de la pop et du rock!»
Et les vins dans tout ça ?
Thierry Puzelat, le pape des vins nature, est le premier vigneron qui a accepté l’invitation en 2015. Par la suite, j’ai proposé à Stéphane Derenoncourt de venir avec ses vins et des vins qu’il conseille. Pour cette édition, j’ai eu envie d’ouvrir l’événement, de l’installer en été et cette année ça tombait pendant Bordeaux Fête le Vin ! Le CIVB s’est rapproché de nous pour s’associer à l’événement. On est dans les « off » de la Fête du Vin ! Le Domaine de l’A, la Dame de Onze Heures, les Closeries des Moussis et le Château Peybonhomme seront de la partie. Il me semble qu’à travers leur pratique, bio ou biodynamique, ils correspondent à l’esprit de cette fête des sens. C’était important que je présente des vignerons bordelais en osmose avec la philosophie que les chefs ou moi-même défendons.
Wine, Food & Rock Session permettrait donc de sortir Bordeaux d’une impasse ?
Disons que c’est ce que j’essaye modestement de faire ! Je privilégie des vins d’ici et j’ai envie de valoriser d’autres vins de Bordeaux et d’une manière différente. Ce type de soirée sort Bordeaux de sa communication habituelle, de son image classique pour la mâtiner de simplicité, de convivialité avec des produits sains, bios ou biodynamiques. Je souhaite montrer qu’on sait faire ça ici et que Bordeaux peut être fun ! (rire). Je rajoute que la Rock School Barbey, en porte-drapeau, propose depuis toujours aux artistes des vins du terroir bordelais !
Wine, Food & Rock Session, jeudi 16 juin
Rock School Barbey, Bordeaux (33)
www.rockschool-barbey.com