Familier du gotha pop et rap, Keyon Harrold s’est fait un nom en travaillant avec Beyoncé, 50 Cent, Rihanna ou encore Mary J. Blige. Le voilà à Bordeaux à la Grande Poste ce 19 novembre pour un concert au parfum de classe.

« Ma musique, c’est du jazz, du hip-hop, du R&B, du rock, de la soul – c’est tout en un. C’est le nouveau jazz ! » Aveu ? Profession de foi ? Posture ? Tout ceci à la fois, mais tellement réducteur au regard de l’incommensurable talent d’un souffleur somme toute pétri d’humilité : « Ce que je peux offrir en tant que musicien qui joue seulement d’un instrument sans avoir recours aux mots, ce sont des émotions ».

Keyon Harrold, « l’avenir de la trompette »

Qui est cet oiseau, salué comme « l’avenir de la trompette » par Wynton Marsalis ? Originaire de Ferguson, Missouri, où il est né en 1980, au sein d’une famille de musiciens, Keyon Harrold déménage à New York afin de poursuivre ses études au Mannes Conservatory of Music. Là-bas, il fait son premier grand concert avec Common, légende rap chicagoane. Sacré baptême du feu et occasion inespérée d’élargir son horizon musical au-delà du jazz en incluant funk, afrobeat, R&B et hip hop. Or, quoi de plus logique lorsque l’on cite au titre de ses influences le second quintet de Miles Davis, Prince, Dr. Dre ou J. Dilla ?

Avant de prendre son envol, il intègre le big band de Charles Tolliver, mythique sideman de Jackie McLean, Roy Haynes, McCoy Tyner, Sonny Rollins, Roy Ayers et fondateur de l’étiquette Strata East. Parallèlement, il se fait le cuir en studio pour Jay-Z, Anthony Hamilton, Gregory Porter, Mac Miller, Maxwell, ou tourne avec Le Cirque du Soleil, Eminem, D’Angelo.

Travail pharamineux

En 2009, Introducing Keyon Harrold, premier album, enthousiasme la critique, pour autant, il faudra attendre 2017 pour voir arriver son successeur The Mugician, où l’on croise Pharoahe Monch, Gary Clark, Jr., Big K.R.I.T, Guy Torry, Georgia Anne Muldrow et Robert Glasper. Ce deuxième effort est à son tour acclamé, notamment le New York Times le citant comme « une pièce émouvante qui consolide l’élégance et l’exhortation ».

Une « absence » des bacs imputable à un agenda de malade à l’image de son travail pharamineux sur la bande originale de Miles Ahead, biopic signé Don Cheadle, en 2015, récompensé par un Grammy ! Au-delà de la médaille, une forme de consécration à la saveur particulière quand on sait l’importance du Prince of Cool sur lui.

Cette année, son actualité s’appelle Foreverland et sa distribution déroule Laura Mvula, Robert Glasper, Greg Phillinganes, Chris Dave, PJ Morton ou… Common. Fruit de l’isolement causé par la pandémie et marqué par la perte de sa mère et l’agression raciste subie par son fils de 14 ans, ce troisième effort est celui de la résilience et du renouveau créatif. Un disque profond, positif et libérateur. À ce jour, son travail le plus audacieux avec ses rythmes envoûtants, ses voix sensuelles, ses riches nuances musicales, citant pêle-mêle Radiohead, Fela Kuti, John Coltrane ou Fleet Foxes. « C’est comme les ingrédients d’un bon repas : il ne faut pas juste du poivre, il faut un poivre précis. Ici, aucun musicien n’a été choisi par hasard, chacun est essentiel et apporte sa pierre à l’édifice. »

Junkpage

Informations pratiques

Keyon Harrold,
mardi 19 novembre, 20h,
La Grande Poste, Bordeaux (33).