Avec 150 représentations en trois jours, le rendez-vous libournais Fest’arts bat le rappel du plaisir de la rue, dans un éclectisme qui lui sied depuis 34 éditions. Comment s’y retrouver ? Petit guide de survie entre des piliers historiques et de jeunes pépites.

Les mastodontes

Libourne n’est pas Chalon ni Aurillac — et c’est tant mieux pour garder l’échelle humaine ! — mais, ici, on cultive des fidélités avec les compagnies phares des arts de la rue. La preuve avec la venue du Generik Vapeur qui célèbre ses 40 ans en fanfare. Pour rappel, en 1983, Caty Avram (cantactrice rock) et Pierre Berthelot (comédien d’engins) créaient cette compagnie de théâtre de rue musical, ancrée à Marseille, avec l’envie de mêler machineries et rock.

Pour Fest’arts qu’ils ont déjà moult fois arpenté, ils proposent Générik vapeur avec ta mémé cowboy, pot-pourri des créations musicales de la compagnie, joué live par des zicos historiques de la bande. Et, pour parfaire cette célébration anniversaire, une rencontre sera organisée à la médiathèque autour de l’ouvrage paru aux éditions Deuxième époque, qui revient sur quatre décennies de « trafic d’acteurs et d’engins ».

Plus vieux encore (fondés en 1982), les Transe Express et leur estampille d’Art Céleste arrivent avec un spectacle culte qui a fait le tour du monde depuis sa première au début des années 1990 — ayant même été joué à l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville ! Mobile Homme, machine céleste pour tambours volants, réunit sept hommes et femmes, dont une trapéziste, tambourinant en habit de petits soldats, suspendus dans les airs par un gracile mobile géant.

Quant à Los Galindos, compagnie catalane née en 1991, ils sont devenus une référence en matière de spectacle de clowns poétique. MDR (pour mort de rire) réunit un trio irrésistible dans une farce qui transcende le simple divertissement pour soulever une réflexion profonde sur la justice, l’amitié et la nature humaine.

Les plus jeunes

Le vent de fraîcheur au cœur de ce mois d’août libournais soufflera depuis plusieurs fronts bordelais. D’abord, avec le collectif Bravache, sorti de l’éstba. Les quatre comédiens dynamitent et ravivent l’Iliade en un théâtre de rue homérique fait de rien, drôle, inventif, physique.

Avec épées en plastique, couronnes de papier et pas mal de faux sang, ils choisissent le rire pour traverser, en version accélérée et ébouriffée, la terrible guerre de Troie. Miracle, tout devient limpide : la bataille acharnée des Achéens contre les Troyens, l’ingéniosité d’Ulysse, la bravoure d’Achille, les humeurs des dieux et déesses de l’Olympe. Chant, danse, cascades, effets spéciaux, faux ratages et vrais dérapages habitent cette Iliade tout terrain emballée en 45 minutes (chronométrées !).

La Flambée, autre collectif de Bordeaux — un poil plus ancien que les Bravache —, vient aussi montrer son tout nouveau spectacle, un solo pour Gaétan Ranson. La Création (oui, c’est le titre) jouera d’une variation hilarante et christique autour de la figure d’un prophète du XXIe siècle en robe blanche et avec micro, porté sur le prêche écolo euphorique.

Quant à l’émergence, elle sera à chercher du côté du Tremplin Cirque « les talents d’avance » et des Primeurs, les « off » de Fest’arts, pour lesquels le public peut voter pour son coup de cœur, programmé l’année suivante dans le « in ». L’an dernier, ce sont les Bravache qui l’avaient emporté.

Stéphanie Pichon

Informations pratiques

Fest’arts,
du jeudi 8 au samedi 10 août,
Libourne (33).

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