De Limoges à Bordeaux en passant par Royan, d’apprenties sorcières en espaces intergalactiques, de Haïti à l’Estonie, une sélection des concerts à vivre en Nouvelle-Aquitaine en octobre.

Glorieux Swensen

La saison 2024-25 de l’Opéra national de Bordeaux s’annonce plantureuse et partageuse et se déploie largement hors les murs. On retient surtout, en octobre, deux séries de rendez-vous thématiques. Le premier, sous l’intitulé « Espaces », a surtout vocation à présenter son nouveau directeur musical : Joseph Swensen, 64 ans, américain, d’origine norvégo-japonaise, est à la fois violoniste, chef d’orchestre et compositeur.

Haut en couleur et intense en émotions, le programme devrait permettre de le découvrir sous de multiples facettes, du charisme à l’intériorité, du Cinémascope des Planètes, tube classique de l’Anglais Gustav Holst (1917), au bouleversant Cantus, composé en 1976 par l’Estonien Arvo Pärt à la mémoire d’un autre compositeur anglais, Benjamin Britten (1913-1976).

Le chef s’illustrera, enfin, dans sa propre Saga, trilogie concertante née pendant la pandémie : le premier volet de cette fresque inspirée par les espaces intersidéraux est porté par un violoncelle solo aux résonances cosmiques… Un programme qui sera redonné à La Rochelle et complété, en mars, par la création française du second volet, pour violoncelle, orchestre et accordéon, où Joseph Swensen dirigera son propre fils, Jonathan.

Un second cycle thématique, « Noirs pluriels », déclinera trois semaines plus tard plusieurs nuances de noir : celles des compositeurs de Haïti décolonisé, qui revivent sous les doigts de la pianiste Célimène Daudet (Station Ausone ; ou celles des Leçons de Ténèbres de François Couperin, magnifiées par l’ensemble Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas, dont les clairs-obscurs caravagesques résonneront, dans les espaces du musée des Beaux-Arts, avec ceux du tableau Saint Sébastien soigné par Irène, attribué au Maître à la chandelle…

Ensorcelant binôme

Elles ont tourné pendant trois ans, en première partie du groupe Rammstein dans les stades du monde entier. Le mois dernier, elles présentaient une version décapante du Carnaval des animaux avec l’humoriste Alex Vizorek : Naïri Badal et Adélaïde Panaget, les deux pianistes qui forment le Duo Játékok (« Jeux », en hongrois, titre d’une œuvre de György Kurtág Sr.), adorent sortir des sentiers balisés. C’est sans doute ce qui a séduit Alain Mercier, directeur de l’Opéra de Limoges, où elles inaugurent cet automne une résidence de trois années.

Pour ce premier concert, leurs quatre mains prendront une dimension fantastique, en écho au programme de Sorcellerie, leur nouveau disque à paraître le 1er novembre, toujours chez Alpha Classics. Un programme dont le point de départ fut la Sonate de Franz Liszt (1853), unique et démoniaque sommet de la musique pour piano du XIXe siècle, dont Camille Saint-Saëns livra en 1914 une transcription pour deux pianos.

« Un pianiste concertiste doit faire en sorte de s’affranchir de l’aspect technique pour que l’instrument s’efface au profit de la musique. À deux, c’est différent. C’est justement en s’intéressant à la technique qu’on peut parvenir à créer des effets orchestraux et à magnifier l’œuvre », soulignait Naïri Badal en 2018 au micro de France Musique. De Dukas à Moussorgski, en passant par Falla et Berlioz, voilà un début de résidence qui s’annonce proprement fantastique.

Ars Nova à Royan

Généreuse et multiple elle aussi, la saison 2024-25 de l’ensemble poitevin Ars Nova passera, en octobre, par Royan, à l’occasion du festival Royan-Orgues. Plusieurs temps forts y seront proposés, notamment, au Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP), autour de la musique de Didier Rotella.

Compositeur (il est né en 1982) actuellement en résidence auprès de l’ensemble, Didier Rotella travaille notamment à la conception du Méta-piano, piano hybride à deux claviers, doté d’un dispositif électronique qui en démultiplierait le potentiel acoustique et harmonique. Avec Ars Nova, la musique contemporaine quitte ses charentaises.

David Sanson

Informations pratiques

Saga Trilogy 1, Orchestre national Bordeaux Aquitaine, direction, Joseph Swensen,
jeudi 3 octobre, 20h, Auditorium, Bordeaux (33).
vendredi 4 octobre, 20h, La Coursive, La Rochelle (17).

Quatre mains c’est fantastique, Duo Játékok,
mardi 8 octobre, 20h,
Grand-Théâtre – grande salle, Opéra de Limoges, Limoges (87).

Noirs pluriels,
du mardi 22 au samedi 26 octobre,
Grand-Théâtre, Station Ausone et MusBA, Bordeaux (33).

Royan-Orgues,
du lundi 21 au mercredi 23 octobre,
Royan (17)

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