D’humeur Wild Wild West perverti par l’inestimable Anouk Ricard ou Faster Pussycat Kill! Kill! revu et corrigé par Ryan Heshka ? Inutile de choisir, au risque de rater votre été…
« Once upon a time in the West… », le génie d’Anouk Ricard
On n’osait y croire lorsque les Éditions 2024, fabuleuse maison d’édition sise à Strasbourg, nous apprenaient sur le ton de la confidence, durant le festival Gribouillis, à Bordeaux, qu’après l’hallucinant Boule de feu (2019), chef-d’œuvre fantasy cosigné avec Étienne Chaize, Anouk Ricard travaillait sur un projet de western !
On connaît depuis longtemps son génie versatile. Du policier (Commissaire Toumi-Le crime était presque pas fait) au monde de l’entreprise (Coucous Bouzon), du coquin (Planplan culcul) au fantastique (Animan), sans oublier ses merveilleux ouvrages jeune public, ni les séries à succès (Faits divers, Les Experts). Mais il faut avouer que la conquête de l’Ouest…
Et vint Ducky Coco, ancêtre du facétieux Cano, intrépide cowboy sillonnant, tel John Wayne, Monument Valley sur sa monture. Toutefois, ici, les visions mythiques de John Ford et de Howard Hawks s’envisagent plutôt sous le prisme du Monty Python’s Flying Circus.
Guiguite, cheval doué de parole, tresse des bracelets brésiliens et dissimule des as dans son rectum. Au saloun, on déguste du vin de cactus et des boulettes de terre, on joue au poker Cochise. Au Gun Shop Chez Billy, le choix est vaste : colt stylo, colt montre, colt briquet ou colt brosse à dents ? On croise des castors orpailleurs et des chauve-souris portant perruques. On fête la Vachinade. On se soulage dans des WC avec vue. On dort à la belle étoile dans un lit mental de 5 mètres.
Autant absurde qu’hilarant, Ducky Coco n’est vraiment pas destiné aux fans de Lucky Luke ni de Blueberry. En revanche, quiconque voue un culte à ¡ Three Amigos ! de John Landis ou Casa de mi padrede Matt Piedmont sera au paradis. Une nouvelle démonstration de l’irrésistible génie de la plus grande dessinatrice de sa génération.
- Ducky Coco, Anouk Ricard, Éditions 2024
« L’enfer ne connaît pire fureur que celle d’une femme blessée… »
Illustrateur natif de Winnipeg, Manitoba, désormais établi en famille à Vancouver, Colombie-Britannique, Ryan Heshka fait les beaux jours de prestigieuses publications (Wall Street Journal, Esquire, Vanity Fair, Playboy, The New York Times) tandis que ses travaux tournent régulièrement dans les galeries nord-américaines et européennes.
Hâtivement associé à l’esthétique pop surrealism ou low brow, son travail se nourrit d’un fort imaginaire, développé depuis l’enfance, entre dessins, maquettes et super8. Plus que tout, ce designer d’intérieur est l’héritier de la culture pulp et comics, affirmant un style rétro absolument exquis.
Initialement publié en 2018, Mean Girls Club, la vague rose est l’aboutissement d’un plus vaste chantier, entamé en 2013, sur un carnet de croquis, devenant une exposition. Comme quoi, un monosourcil peut mener plus loin que prévu… Cependant, il aura fallu attendre le printemps 2024 pour connaître sa version française, traduite haut la main par notre collaboratrice Fanny Soubiran.
Hommage amoureux aux fières et accortes amazones de Russ Meyer, ce gang de pin-ups (Sweets, Wanda, Wendy, Pinky, Blackie et McQualude) qui en a plein le bas nylon, fumant, buvant, jurant, trouble évidemment l’ordre public par son mode de vie dissolu et amoral, au grand dam du maire Hamilton “Ham” Hocks, aussi véreux que ventripotent qui n’hésite pas à user du pire chantage sur la naïve Roxy, chargée d’infiltrer les furies.
Éloge de la sororité, hommage amoureux à la sous-culture Juvenile Delinquent, concentré d’action et de bagarres, cette splendeur se savoure à grand renfort d’Old fashioned en écoutant à fort volume Bikini Girls with Machine Guns des Cramps ou toute compilation de la série Las Vegas Grind.
Mean Girls Club, la vague rose, Ryan Heshka,
Traduction de l’anglais (Canada) par notre Fanny Soubiran internationale,
Les Requins Marteaux
Marc A. Bertin