Pionnier d’une certaine techno « à la française », fondateur de l’étiquette Space Factory, frère d’armes de The Hacker et d’Arnaud Rebotini, David Carretta, 30 ans de carrière au compteur, fait main basse sur le foyer de l’Opéra de Limoges. Noël avant l’heure.
On peut être une figure discrète par rapport au coefficient instagrammable de certains noms — qui a dit Bob Sinclar ? — et pourtant être indiscutablement indissociable des prémices de la scène électronique française pré French Touch. Tel est le destin de David Caretta, né en 1967, à Marseille, exilé adolescent à Tarbes, entre déflagrations punks, vestes en denim hard rock et sentiments new wave.
Cortège poétique
Puis, vint l’épiphanie synthétique et son cortège poétique (Ensoniq Mirage, Roland S-550) avant de fonder Art Kinder Industrie, formation au sein de laquelle il tient, comme par hasard, les claviers avec une certaine prédilection pour des modèles élevés désormais au rang de mythes (Korg MS-10, MS-20).
1994, année bissectrice, il signe alors, sous alias Calyptol Inhalant, son premier maxi L.S.D. / You Can sur le label de Sven Väth, Harthouse. Avant d’inaugurer le roaster, sur un maxi culte en compagnie de D.J. Naughty*, de ce qui allait devenir l’incontournable écurie electro clash fin de siècle : International Deejay Gigolo du chevalier teutonique DJ Hell.
Cénacle des producteurs hexagonaux
Au nom du groove martial, le producteur puise dans les canons EBM, New Beat, Acid House — autant d’influences années 1980, partagées avec, au hasard, The Hacker, Terrence Fixmer, Vitalic ou Gesaffelstein. Ses deux premiers LP, Le Catalogue Electronique (1999) et Kill Your Radio (2004) l’établissent définitivement non seulement dans le cénacle des producteurs hexagonaux en vue ainsi que dans la culture club.
Entretemps, il fonde sa propre étiquette Space Factory, en 2003, avec Gigi Success, qui signera aussi bien Jensen Interceptor, The Fool’s Stone, Adriano Canzian ou Jauzas The Shining. Puis, notre homme se retire en Ariège, se consacrant à sa famille plutôt qu’à sa carrière. Rodeo Disco (2008) sera son dernier format long avant une longue pause.
Le « son Caretta » traverse les époques
Dès 2015, le revoilà, avec la sortie de deux compilations rétrospectives de son œuvre, Two Decades, accompagnées d’une série de 12 pouces, publiés par Zone, Mille Feuilles, Blackstrobe Records ou GND ; autant de démonstrations que le « son Caretta » traverse les époques, les modes, les revivals et autres tics à la mode.
2019, retour en bonne et due forme aux affaires. Nuit Panic, 10 titres au compteur, débarque sur Blackstrobe Records, maison de son ami Arnaud Rebotini, exhalant un parfum synth pop millésimé et son inextinguible passion italo-disco.
Comme on hurlait jadis au Pulp, « RESPECT IS BURNING ! »
Informations pratiques
Electropera : David Caretta,
jeudi 19 décembre, 21h30,
foyer de l’Opéra, Opéra de Limoges, Limoges (87).