Le directeur de l’Office artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine, Joël Brouch revient sur les six créations coproduites reliant sport et culture durant la saison 2023-2024, de la coupe du Monde de Rugby au spectacle de Matin Fourcade.

Six créations coproduites par l’OARA et le temps fort Mi-temps relieront sport et culture et viendront rythmer une saison 2023-2024 marquée par la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques d’été.

Le directeur de l’Office artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine revient sur ces spectacles couplés aux deux événements avec en point d’orgue la journée Mi-temps en mars 2024 qui s’achèvera avec le spectacle de Martin Fourcade. L’occasion de parler de son attachement au sport amateur, au rugby de clocher de son enfance.

Quand est née cette programmation liée aux deux actualités sportives majeures ? 

L’OARA s’était déjà impliqué lors de la Coupe du monde de rugby organisée en France, au Pays de Galles et en Écosse en 2007 pour faire émerger des créations artistiques en lien avec ce sport. Je pense notamment à la commande que nous avions passée à Christian Vieussens pour mettre en scène et en musique certaines des Quinze histoires de rugby écrites par le regretté Patrick Espagnet.

Le spectacle Chandelle avait ainsi été joué plus de 80 fois. C’est donc tout naturellement que nous avons décidé de nous engager à nouveau cette saison et de relier les deux grandes compétitions internationales en France qui sont dans le calendrier d’ouverture et de clôture de notre saison 2023-2024. Ce sont d’ailleurs moins ces grands rendez-vous devenus très commerciaux qui nous intéressent que le prétexte qu’ils nous offrent pour valoriser la pratique amateur au plus près des territoires.

Parlez-nous des six événements autour du rugby et des JO.

Parité parfaite puisque nous soutenons trois créations dans le prétexte de la Coupe du monde de rugby et autant pour les Jeux olympiques. Pour célébrer le rugby, nous portons en production déléguée le spectacle DROP que nous avons commandé à la jeune compagnie circassienne Crazy R. 12 trapézistes évolueront entre des poteaux de rugby géants, sur une scénographie des frères Lahontâa dans un format spectaculaire en plein air mis en musique par Eddie Ladoire.

Plus intimiste, le trio basque des Cop(i)nes qui revisite magistralement le répertoire des chansons paillardes qui font le bonheur des 3es mi-temps. Une tournée dans les Cercles de Gascogne permettra de les écouter en levant le coude… Enfin, la metteuse en scène Florence Lavaud met en scène l’ancien rugbyman et actuel coach sportif Jérémy Bertin qui interprète le texte qu’il a co-écrit avec Éric Des Garets Mon père disait, une passe est un cadeau.

Trois spectacles sont aussi très soutenus en lien avec les Jeux olympiques 2024. Deux dans le cadre de résidences à la MÉCA : Plusieurs par la compagnie B. Initials qu’interprète en selle l’artiste et cavalier Bertrand Bossard avec son cheval Akira et Mémoires d’athlètes par le collectif STiMBRE qui donnera à voir une galerie de chansons-portraits d’athlètes participant aux JO et Jeux paralympiques 2024. Enfin, on retrouve la compagnie Volubilis et son Panique olympique #6 qui permet de faire danser plusieurs centaines d’amateurs au rythme de la flamme olympique…

Le sport et la culture sont des piliers fondamentaux du lien social dans les territoires.

Quels écueils fallait-il éviter ?

Effectivement, il ne s’agit pas pour nous d’illustrer le sport par l’art mais de montrer comment les acteurs du sport et de la culture, pratiquants ou dirigeants, sont reliés par des valeurs communes. Je pense notamment pour certains sports et pratiques artistiques à la solidarité et au sens du collectif.

Il s’agit aussi de montrer comment le sport et la culture sont des piliers fondamentaux du lien social dans les territoires. Nous savons ce que le bien vivre ensemble doit à toutes ces associations locales très souvent animées exclusivement par des bénévoles.

Que viendra faire l’athlète le plus titré aux JO dans cette galère ?

Le 22 mars 2024, nous organisons à la MÉCA le temps fort Mi-temps pour mettre en débat lors de deux tables rondes les liens entre sport et culture. Nous travaillons encore sur les thèmes de cette rencontre conçue avec PANARD, la revue toulousaine qui parle de la culture du sport, de ses événements mythiques et anecdotiques.

Pour clore cette journée, nous invitons le quintuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade à jouer le spectacle Hors-piste qu’il a écrit et interprète seul en scène. Il a fait le choix de ce moment d’humanité face au public pour raconter, entre récits intimes et confessions sur les coulisses de la compétition, sa vie d’homme et de sportif.

Il a limité sa tournée à une quinzaine de dates en France mais a accepté notre invitation car il a été séduit par la qualité et la sincérité de notre programmation sport & culture. L’engouement autour de son spectacle est tel que nous envisageons de délocaliser la représentation dans une salle beaucoup plus grande. Nous prendrons la décision avant la fin du mois.

Quel est votre propre rapport au sport et quels liens entretenez-vous avec le rugby en particulier ?

J’ai aimé pratiquer le sport assidument quand j’étais jeune, et à Nérac, où je suis né et où j’ai grandi, le rugby était comme une religion. C’est donc tout naturellement que j’ai joué pendant une dizaine d’années à l’Union Sportive Néracaise. J’ai particulièrement apprécié mes années dans les catégories cadet et junior car malgré un physique peu adapté aux exigences de ce sport physique, je pouvais compenser par ma pugnacité. En sénior, ce fut une autre affaire…

J’ai ainsi découvert l’Aquitaine des terrains de rugby avant de la sillonner via ses théâtres et autres festivals. J’aime ces deux visages de notre région et je n’ai jamais cessé de les relier tant dans ma vie professionnelle que dans mes centres d’intérêt. Si je vois plus de 200 spectacles par an, je garde toujours du temps pour regarder les matchs du Tournoi des Six Nations et du TOP 14.

Et tous les lundis, je scrute avec grand intérêt dans Sud Ouest les résultats de tous les clubs amateurs. Ça fait remonter les souvenirs d’un temps où le rugby était principalement celui des clochers et des derbys locaux, et ça peut m’être utile parfois pour faire diversion dans certaines réunions professionnelles !

Propos recueillis par Henry Clemens

oara.fr

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