Corridor, le meilleur groupe canadien en activité vient dispenser d’indispensables leçons de savoir-faire, en français dans le texte, de Limoges à Bordeaux.

À l’heure où seul Mustang sauve encore le rock chanté dans la langue de Dranem, voici enfin, sur scène, le quatuor québécois le plus nécessaire qui soit, Corridor. Et, comme un fait accompli, ces Canadiens français, comme on dit non sans condescendance dans les rues de Westmount, font la démonstration que l’on peut jouer méchant, carré et inspiré tout en faisant son sort à sa langue natale sans tomber dans le descriptif CM2 ni le chalgoumi.

Mimi, livraison 2024 sans faute

En activité depuis 2014 — Un magicien en toi, premier mini-album —, la formation montréalaise a par la suite publié deux efforts aussi remarqués que remarquables (Le Voyage éternel, Supermercado) avant signature inattendue pour le compte de l’étiquette Sub Pop, en 2019, avec Junior, merveille absolue de ce que l’indie rock devrait être au XXIe siècle.

Moins chien fou que leurs si précieux comparses de Chocolat, la gang de Jonathan Personne, responsable de deux miraculeuses échappées en solitaire (Disparitions en 2020, Jonathan Personne en 2022), devrait écraser les classements musicaux des deux rives de l’Atlantique. Pourquoi ? Écouter attentivement Domino : 4 minutes 38 synthétisant les ramifications de l’arbre généalogique The Velvet Underground/Television/Talking Heads/Luna avec texte idoine aussi concis qu’un haïku sous caféine.

Et que dire de Mimi, livraison 2024 sans faute ? « Mourir en paix/Mourir sans chevet/Mourir sans regret/Et mourir au complet/Puis mourir avant la fin/Mourir demain », pas entendu aussi sublime depuis Je t’ai toujours aimée de Polyphonic Size.

Marc A. Bertin

Informations pratiques

Corridor,
mardi 12 novembre, 19h,
la petite salle, CCM Jean Gagnant, Limoges (87).

Corridor + Dinoh,
jeudi 14 novembre, 20h30,
Rock School Barbey, Bordeaux (33).