Avec « Vivre et mourir en Égypte, d’Alexandre le Grand à Cléopâtre », le Musée d’Aquitaine propose un passionnant voyage à travers une époque longtemps fantasmée et met en avant une riche collection égyptologique.
C’est un retour en grâce qui a pris du temps. 32 ans pour être précis. Voici en effet plus de trois décennies que le musée d’Aquitaine n’avait pas consacré une exposition d’envergure à l’Égypte ancienne. Une bagatelle comparée au saut dans le temps que propose encore une fois l’institution bordelaise.
Retour plus de 2 000 ans en arrière pour des retrouvailles pharaoniques, à la découverte d’un moment historique clé. « Vivre et mourir en Égypte, d’Alexandre le Grand à Cléopâtre » se veut comme une odyssée revenant sur la dynastie ptolémaïque, 300 ans pendant lesquels l’Égypte fut sous domination d’une famille royale grecque.
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Un parcours dense, détaillé, efficace
Dans une volonté didactique et ludique, les visiteurs sont d’abord plongés dans un précis d’histoire et géographie. Y sont rappelées la victoire d’Alexandre le Grand contre Darius III en 332 avant Jésus-Christ et l’arrivée de Ptolémée, fils de Lagos, l’un de ses généraux, à la tête du royaume à la mort d’Alexandre. Point de départ d’une ère qui se conclura en 30 av. J.-C. avec le suicide de la reine Cléopâtre (septième du nom) au nez si caractéristique.
Bustes, pièces de monnaie, mais aussi aquarelles de Jean-Claude Golvin, installation tactile du phare d’Alexandrie et contenus pédagogiques ciblés pour les plus jeunes garnissent cette riche entrée en matière qui donne le ton du reste du parcours scénographique. Tout y est dense, détaillé, efficace.
Sur deux étages s’étale un inventaire méthodique des richesses du contact entre les cultures grecque et égyptienne qui se sont nourries entre elles pour créer une mixité inédite et foisonnante, se découvrant autant dans les cultes religieux, la littérature ou même la vie quotidienne.
Cléopâtre célébrée en majesté
Dans les salles, les artefacts sont variés, des attendues statuettes aux papyrus, en passant par des amphores miniatures. Ensemble, ils permettent de se rendre compte des singularités de cette civilisation aux influences mêlées. Certains chefs-d’œuvre retiennent néanmoins un peu plus l’œil. Il en va ainsi de ce splendide sarcophage de Dioskouridès, personnage de premier plan, qui a eu la coquette idée de rédiger son autobiographie sur les pans de sa coiffe mortuaire. Que lui est-il arrivé ? On vous laissera le lire pour le savoir …
Comme d’autres œuvres présentées, ce sarcophage a été prêté par le musée du Louvre. D’autres institutions nationales ou internationales ont aussi accepté de laisser partir temporairement certains de leurs joyaux. Néanmoins, le parcours s’appuie d’abord sur la belle collection égyptologique du musée d’Aquitaine, qui vient en grande partie du legs de Jean-Ernest Godard, médecin bordelais missionné au XIXe siècle par Napoléon III afin d’étudier les mœurs égyptiennes.
Et l’attrait pour cette si particulière période ptolémaïque ne semble pas s’essouffler comme le prouve la dernière salle destinée à l’empreinte laissée dans l’imaginaire collectif avec au centre l’iconique reine Cléopâtre VII, célébrée aussi bien au cinéma que dans l’univers des jeux vidéo. Comment se traduit légende en hiéroglyphes ?
Guillaume “Champollion” Fournier
Informations pratiques
« Vivre et mourir en Égypte, d’Alexandre Le Grand à Cléopâtre »,
jusqu’au dimanche 3 novembre,
musée d’Aquitaine, Bordeaux (33).