L’ambiance des chaudes nuits ivoiriennes marque l’ouverture des Zébrures d’Automne, avec deux spectacles chorégraphiques signées du groupe N’Soleh, de Massidi Adiatou. De Limoges à la Côte d’Ivoire, des histoires de maquis, et de dialogues artistiques.

À Limoges, à l’évocation du mot « maquis », l’histoire des réseaux de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale surgit immédiatement dans les esprits. Et voilà que pendant les Zébrures d’automne, incontournable rendez-vous de la création francophone et des écritures, un maquis d’un autre type débarque dans la capitale limousine.

Celui des rues animées d’Abidjan et de ses plus emblématiques quartiers. Là-bas, le « maquis » est une autre institution, celle de la fête et de la vie sociale, dont le chorégraphe Massidi Adiatou, danseur autodidacte, qui a commencé dans les rues et la boîte de nuit de son père — la première du quartier Abobo dans les années 1980 —, connaît tous les secrets et ambiances. Créateur audacieux du groupe de danses urbaines N’Soleh en 1994, il sillonne depuis les scènes du monde entier et a été invité par Hassane Kassi Kouyaté, directeur des Zébrures, à inaugurer le festival par une double ouverture, participative et scénique.

Chorégraphie participative

De la majestueuse gare des Bénédictins à la place de la République, Abidjan-Limoges, le plus court chemin se lancera dans une chorégraphie participative, mêlant les danseurs de la compagnie à 50 participants de Limoges, qui auront travaillé plusieurs mois en atelier le coupé-décalé et les danses urbaines africaines, pour préparer cette fête d’ouverture joyeuse et remuante.

En toute logique, on descendra ensuite à la rue Princesse, voie mythique de Yopougon, plus vivant des quartiers d’Abidjan, où 1 500 maquis et bars s’alignaient. Pour faire revivre ce passé nocturne interlope et vibrant, le chorégraphe s’accorde un bond rétrofuturiste. Il s’imagine en 2030, au New Black, gigantesque maquis à ciel ouvert. Noctambules et fêtards s’y côtoient tard dans la nuit rivalisant d’audace et de folie, sous les lumières de néons colorés. On descend à la rue Princesse, tout juste créé, prend la forme d’un cabaret tonitruant et nostalgique, où les invidualités fortes des quinze danseurs ravivent l’éclat des fêtes d’une rue détruite en 2011.

Nouvelle génération de danseurs ivoiriens

Un autre chorégraphe ivoirien, Abdoulaye Trésor Konaté, désormais installé à Strasbourg, arrive aux Zébrures avec une pièce de groupe — 15 danseurs et danseuses —, dans une veine beaucoup moins festive. Gestes abstraits, ambiance grave et posée, Humming Birds – Made in Côte d’Ivoire démultiplie les bases du solo du chorégraphe de 2016 autour de la figure du colibri, chère entre autres à Pierre Rabhi. Transmettant cette pièce autobiographique à une nouvelle génération de danseurs ivoiriens, Abdoulaye Trésor Konaté renouvelle son interrogation toute personnelle sur son rôle et sa place dans la société, en un questionnement collectif. Certains de ses danseurs seront invités à présenter des formes courtes à Limoges et dans toute la Haute-Vienne.

À noter que pour cette édition, Hassane Kassi Kouyaté a fait le choix radical de spectacles à  prix (presque) libre, à 5, 10, 15 ou 20€, où le spectateur choisira son tarif « sans aucun justificatif d’âge ou de ressources demandé ni jugement sur la somme choisie ». Dans ce souci d’élargir encore son public, les spectacles seront aussi accessibles aux personnes non voyantes, grâce à l’intervention des Souffleurs d’images, et aux audiodescriptions sur Fiq ! et La Grande Ourse.

Stéphanie Pichon

Informations pratiques

Les Zébrures d’automne, festival des créations théâtrales,
du mercredi 25 septembre au dimanche 6 octobre, Limoges (87).

Abidjan-Limoges, le plus court chemin, chorégraphie de Massidi Adiatou,
mercredi 25 septembre, 18h, place de La Motte.

On descend à la rue Princesse, chorégraphie de Massidi Adiatou,
mercredi 25 septembre, 20h30, Grand Théâtre.

Humming Birds, chorégraphie d’Abdoulaye Trésor Konaté,
samedi 28 septembre, 18h,
dimanche 29 septembre, 15h,
centre Jean Moulin, MAD, Limoges (87).

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