Depuis quelques mois, le système de conversation, basé sur l’intelligence artificielle ChatGPT, développé par la société Open AI, bouscule notre société au point de se demander si la science-fiction n’est pas en train de devenir la réalité.
Si le chanteur australien Nick Cave est surtout connu pour son œuvre empreinte de poésie, ce sont d’autres mots qui l’ont ramené sur le devant de l’actualité.
Dans sa newsletter datée du 16 janvier 2023, il lâche : « Avec tout l’amour et le respect du monde, cette chanson est une merde, une parodie grotesque de ce que c’est d’être humain. » La raison de sa colère ? Une ballade écrite « dans le style de Nick Cave », générée par ChatGPT, et envoyée par un fan.
Open AI au cœur de la controverse
Depuis sa mise à disposition du grand public, fin 2022, le système conversationnel ChatGPT, basé sur l’intelligence artificielle, développé par la société américaine Open AI, dans laquelle Microsoft a investi des milliards de dollars, n’en finit pas de susciter la controverse.
Cet émoi est dû au fait que cet outil « est capable de générer du texte avec une grande précision et de produire des réponses cohérentes aux questions posées par les utilisateurs […] en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique ». Cette description fort flatteuse est produite par ChatGPT lui-même en réponse à une demande de définition de sa nature !
En pratique, il suffit de se rendre sur le site pour avoir accès gratuitement à l’outil conversationnel (aussi appelé chatbot). Il faut alors rentrer une demande (ou prompt). Puis, en quelques secondes, une minute tout au plus, une réponse apparaît. Signe que son utilisation tend à se développer, Microsoft vient de coupler ce chatbot avec son moteur de recherche Bing. Des étudiants pour leurs devoirs aux entreprises qui automatisent des tâches fastidieuses, le spectre d’utilisation de ChatGPT et ses répercussions sont immenses.
Les rouages humains de l’intelligence artificielle
Mais comment marche ce robot de conversation ? Margherita Pagani, professeure et directrice du centre de recherche sur l’Intelligence artificielle à la SKEMA Business School (Paris campus) détaille ses rouages pas si numériques que ça. « Il y a des personnes dédiées à l’identification des contenus. Ils donnent des règles à la machine, reconnaissent des contenus violents ou non. Open AI a aussi ouvert son site à tout le monde pour faire progresser la machine grâce au Machine Learning. Plus il y a de conversations, plus la machine apprend. Et les réponses sont à chaque fois plus précises ».
La version 3.5 du système montre tout de même des défaillances. Nous avons demandé à ChatGPT d’écrire des articles sur les sujets que nous traitons dans les pages de JUNKPAGE. Résultat : des contenus truffés d’inexactitudes sur les dates des événements, des erreurs sur la programmation des artistes, et, globalement, un style assez linéaire.
ChatGPT continue sa progression
Pour autant, la machine progresse. Et elle progresse vite. Au début du mois de mars, ChatGPT 4 a vu le jour ; une nouvelle version payante bien plus puissante que ces aïeules. Parmi les évolutions, un accès permanent à Internet, là où les anciennes versions circulent en circuit fermé.
Des évolutions qui en effraient certains. Un moratoire pour l’arrêt des recherches pendant six mois a été demandé dans une tribune signée par des milliers de personnes, dont Elon Musk, ancien actionnaire de la société Open AI…
La créativité reste dans la demande
Alors, doit-on craindre le futur de cette technologie ? Le monde dirigé par les machines et décrit par la science-fiction (coucou Skynet) est-il en vue ? Cette ligne d’horizon reste encore floue parce qu’il manque une qualité humaine fondamentale pour l’instant à ce système : la créativité.
« La véritable créativité réside dans la personne qui crée le “prompt” car ChatGPT peut imiter la cognition humaine et fournir une solution déjà existante ou combiner des éléments existants de manière nouvelle, comme “écrire un poème dans le style de Shakespeare” », analyse Margherita Pagani.
Des sites conversationnels comme outils de production
ChatGPT ou Bard — son concurrent développé par Google qui doit sortir prochainement —, ainsi que n’importe lequel des sites conversationnels sous intelligence artificielle restent des outils à la disposition de ceux qui font la demande initiale.
Une requête qui peut bousculer les règles établies. Mi-avril, un morceaux inédit entre les stars Drake et The Weeknd sort mystérieusement sur les réseaux sociaux. Le succès est au rendez-vous mais problème, les deux artistes nient avoir enregistré une telle chanson. Il s’agit en réalité d’une demande d’un utilisateur à une intelligence artificielle utilisation une technologie de clonage de voix. Depuis le morceau a été retiré pour des questions de droits d’auteur.
En attendant la mise en place d’un cadre juridique clair sur le sujet de l’intelligence artificielle, certains pays prennent des mesures drastiques. C’est notamment le cas de l’Italie. Le pays transalpin vient en effet d’interdire provisoirement Chat-GPT pour non-respect des droits sur les données personnelles.
Guillaume Fournier
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