De Mathieu Boogaerts à Emily Loizeau, d’Albin de la Simone à Alexis HK et des centaines d’autres, Bordeaux Chanson éclaire et suit des talents souvent trop méconnus. Rencontre avec sa présidente Marine Schnegg.
Comment est né Bordeaux Chanson ?
Début 2004, nous créons l’association pour le concert de l’auteur-compositeur girondin, Egon, à L’Avant-Scène, à Bordeaux, alors rue Borie. Nous enchaînons sur trois jours en octobre de la même année la première édition du festival Courant d’airs, avec Edgar de l’Est, Béa, Egon, Rafa ou encore Yann Mondon.
L’idée ? Faire découvrir des talents émergents. Nous en avions marre de voir ces artistes jouer dans des conditions déplorables, même s’il y avait déjà des lieux très intéressants comme le Bokal, où Guillaume Lecuq programmait Nicolas Jules, Zed Van Traumat ou Marc Delmas.
Les débuts ont-ils été difficiles ?
Comme nous ne sommes à l’époque qu’une poignée de bénévoles, la motivation est essentielle. Notre espoir de produire des albums réunissant ces découvertes chanson est par exemple rapidement douché, faute de moyens.
On se fait alors tout-terrain, avec des spectacles à droite à gauche, comme les apéros-concerts au P’tit Monde Urbain. En deux ans, un noyau de fidèles se constitue et facilite beaucoup les choses.
On fonctionne comme une amap culturelle en produisant ce qu’on aime
Quels sont les autres fondamentaux de l’association ?
Une chanson aux valeurs d’ouverture et de brassage proposée par un comité d’écoute qui travaille beaucoup, proposée par des bénévoles mais des conditions professionnelles d’organisation et de paiement des artistes.
On fonctionne comme une amap1 culturelle en produisant ce qu’on aime ! L’objectif est juste d’équilibrer les comptes et que cela nous offre une grande liberté. Les subventions de la mairie de Bordeaux, du Conseil départemental, les dons et les adhésions (135 membres aujourd’hui) nous permettent ainsi de programmer une quarantaine de concerts par an.
Où ça ?
Après avoir programmé à l’Onyx, nous avons fait de cette salle municipale devenue L’Inox notre port d’attache. Notre partenariat né il y a une dizaine d’années avec L’Entrepôt du Haillan via les Mercredis et le festival du Haillan Chanté, chaque mois de juin notamment, a été une étape et une reconnaissance importantes.
Depuis 2019, nous proposons avec la salle du Grand Parc une ouverture de saison où un artiste revisite avec des compères le répertoire d’une « star » : Hildebrandt et Dassin, JP Nataf et Dalida, Mokaiesh et Moustaki, Alexis HK et Cabrel… Concerts chez l’habitant et festival à la Ferme du Ruisseau en juillet complètent l’éventail.
Quelles sont les découvertes dont vous êtes le plus fiers ?
Qu’elles soient devenues connues ou très connues importe peu, mais Albin de la Simone a joué chez nous dès 2005, Emily Loizeau à Sallebœuf en 2006 [carte blanche le 16 mars 2024, NDLR], Bertrand Belin a joué au Satin Doll de Bordeaux en 2007.
Et Alexis HK, Mathieu Boogaerts [carte blanche le 13 janvier 2024, NDLR], Laura Cahen ou encore Pomme qui s’est produite à ses débuts à Léognan avec 13 entrées payantes ! On pourrait en citer des dizaines d’autres comme Oldelaf, Thibault Defever, Eddy (La) Gooyatsch, Laurent Lamarca, Fabien Bœuf, Marc Delmas, Dimoné… La richesse de cette chanson d’écoute est énorme, les gens ne le savent pas assez.
La plus grande injustice talent/insuccès ?
Franck Monnet.
Comment fêtez-vous vos 20 ans ?
En programmant vingt concerts jusqu’en mai 2024, où ne défilent que des artistes que nous avons accompagnés au fil de ses années. À ceux cités, je rajouterai Bini, Evelyne Gallet, Pascal Parisot, Daguerre, Frédéric Bobin, Carole Masseport, Maissiat et d’autres encore !
Propos recueillis par Yannick Delneste
Informations pratiques
JP Nataf + David Lafore,
vendredi 10 novembre, 20h30,
théâtre L’Inox, Bordeaux (33).
Cyril Mokaiesh + Eddy (La) Gooyatsh,
samedi 11 novembre, 20h30,
théâtre L’Inox, Bordeaux (33)
1. Association pour le maintien d’une agriculture paysanne