Le bluesman presque septuagénaire, en pleine tournée française, fait étape à la Rock School Barbey vendredi 2 février. Contant la Louisiane et son histoire sur des rythmes blues et soul, Robert Finley embarque son auditoire dans un aller simple pour les bords du Mississippi.
Des bougies sur un gâteau musical. En ce mois de février, Robert Finley, natif de Bernice, état de la Louisiane, s’apprête à célébrer ses 70 ans lors de sa tournée en France qui accompagne son quatrième album Black Bayou, publié en octobre 2023. Une notoriété internationale sonnant comme une revanche pour un artiste sorti de l’anonymat en quelques années seulement.
Révélation d’America’s Got Talent
Son parcours, loin d’avoir été un long fleuve tranquille, pourrait être retranscrit sur grand écran sans problème. En 1970, il s’engage dans l’US Air Force en tant que technicien d’hélicoptère, avant de diriger son propre groupe de reprises de soul et de R&B au sein de l’armée et de voyager dans toute l’Europe. De retour dans sa Louisiane natale, Robert Finley travaille comme artiste de rue et menuisier, avant qu’il ne commence à perdre peu à peu la vue à cause d’un glaucome l’obligeant à quitter son emploi.
Pourtant, le chanteur, à la voix autant suave qu’aiguë, trouve sa place dans l’industrie musicale. Après avoir été repéré par un producteur de blues, en 2015, alors qu’il jouait dans la rue, il publie son premier album Age Don’t Mean a Thing, en 2016. Goin’ Platinum! (2017), puis Sharecropper’s Son (2021) enfoncent le clou, l’inscrivant dans la lignée des grands bluesmen américains du XXe siècle.
Il a d’ailleurs effectué un passage tout sauf anecdotique dans le show télévisé America’s Got Talent en 2019, se hissant même en demi-finale avec notamment un morceau exclusif Get it While You Can, dont les paroles semblent aujourd’hui être devenues un véritable mantra : « You gotta take it when you can get it, and get it while you can » [Il faut savoir prendre ce qu’il y a à prendre, et le prendre tant qu’il y en a, ndlr].
Voyage au cœur du Bayou
Mêlant soul, funk et blues, Finley signe des albums largement autobiographiques, pleins d’âme, redonnant vie au southern blues. Un univers dans lequel s’inscrit Black Bayou, sa dernière livraison, reflétant sa vie dans la moiteur du bayou. Sonorités gospel, blues et rock, Robert Finley signe-là un quatrième album énergique et plus vivant que jamais — produit par Dan Auerbach, moitié des Black Keys —, à l’image d’Alligator Bait, où le septuagénaire raconte comment son grand-père s’était servi de lui comme appât pour capturer un de ces reptiles…
Dès les premières notes, guitares grasses et harmonica annoncent la couleur ; celles d’un voyage d’une quarantaine de minutes au cœur des marais de Louisiane.
« Il peut jouer un titre de blues. Il peut jouer un rock’n’roll des pionniers. Il peut faire un gospel. Il peut réellement tout jouer, et cela a beaucoup à voir avec l’endroit d’où il vient », soulignait Dan Auerbach dans un entretien accordé à Radio France en 2023. Aujourd’hui, Robert Finley figure à part entière dans le payasage blues du sud des États-Unis, puisant allégrement dans son histoire et son enfance ; celles d’une Louisiane encore marquée par la ségrégation.
Blues, whiskey et bonne parole
Épaulé par sa fille, qui le suit dans ses concerts, Finley livre à chaque fois des prestations hautes en couleur ; ne serait-ce que par ses costumes et ses chapeaux. Il s’éclate, et ça se voit ! Carburant au whiskey entre les chansons, il danse et rit avec son public pendant près de deux heures d’un show électrique.
Accompagné du talentueux Sierra Band, Finley assure la promotion de son dernier disque mais délivre aussi ses tubes tel Souled out on You ou l’enivrant Medecine Woman, confidences intimes, de celles d’un pasteur prêchant la bonne parole. La repentance musicale à portée d’oreille, ça ne se refuse pas.
Louis Colas
Informations pratiques
Robert Finley + Nat Myers,
vendredi 2 février, 20h30,
Rock School Barbey, Bordeaux (33).
1 commentaire
Quelle déception … Franchement, je n’ai rien contre les musiciens anglais, au contraire, mais pourquoi avoir engagé un batteur ultra lourdingue alors que la musique de Robert Finlay demande du feeling, du swing et du groove, en un mot, de la grâce. Même punition avec une basse abominablement trop forte. Seul le guitariste surnageait de ce trio incongru qui n’a sans doute jamais mis les pieds sur les bords du bayou. Après que Finlay nous ait assuré que sa propre fille n’était là que grâce à son talent, la dame a malmené la mémoire d’Aretha sur un I’d rather go blind très peu convaincant pour le dire gentiment. Quant à Robert Finlay, lui même, il a sauvé le show avec son énergie et sa foi en sa musique. Le public a beaucoup aimé. Moi pas du tout, vous l’aurez compris. Suis-je donc définitivement passé dans le camp des vieux cons ou bien les bordelais sont-ils massivement dotés d’oreilles en bois ?