Anne Paceo batteuse jazz, devenue multi-instrumentiste du monde, continue ses explorations musicales et géographiques autour de la transe. Escale à Angoulême.
Chez Anne Paceo, on tourne souvent autour du divin ; on ne s’en est jamais autant approché qu’avec son dernier projet S.H.A.M.A.N.E.S et ses incantations quasi-sacrées. Comme son titre l’indique, ce septième album se veut marqué par les pratiques vocales chamaniques, des cérémonies vaudou haïtiennes aux chants de divination de Sibérie.
Des influences free et psychédéliques
Pas question ici de s’approprier ces musiques en les reproduisant à l’identique, mais de s’y immerger pour créer un nouvel univers, comme la Niortaise l’a toujours fait à travers ses différents projets ouverts sur le monde (son carnet de voyage musical Yôkaï, sa rencontre avec l’orchestre birman Hein Tint sur Fables of Shwedagon…).
Malgré ses trois Victoires du Jazz, il serait injuste de la cantonner à ce seul genre, même si l’on entend çà et là quelques clins d’œil à Sun Ra, au free d’Archie Shepp (avec qui elle a souvent partagé la scène), aux envolées psychédéliques de Portico Quartet ou à ses contemporains français, comme Émile Parisien, complice de toujours.
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Chants hypnotiques et transe guérisseuse
La batteuse de 39 ans, qui maîtrise également les cloches tibétaines et le n’goni, a toujours accordé une place importante au chant, qu’elle utilise pour ébaucher ses compositions. Sur S.H.A.M.A.N.E.S, il devient encore plus central, grâce aux renforts éthérés d’Isabel Sörling et Marion Rampal.
L’autre marque de fabrique Paceo, c’est son style de jeu mélodique et discret, loin de l’esbroufe retentissante ; ici, les percussions se font minimalistes, inspirées là aussi des tambours chamaniques, pour mieux hypnotiser l’audience. Une transe guérisseuse, en somme, bienvenue en ces temps troublés.
Benjamin Brunet
Informations pratiques
Anne Paceo,
jeudi 21 décembre, 20h30,
Théâtre d’Angoulême (16)