Une tournée en forme d’adieux au music-hall signe-t-elle la fin d’une carrière ? Le discret Alain Chamford revient au plus près de son public en novembre en Nouvelle-Aquitaine. Immanquable.
À 75 ans, le Bryan Ferry français aurait-il dit son dernier mot ? Stupeur et tremblements dans le cœur du fan-club à l’annonce que le sublime et synthétique L’Impermanence signait la fin d’un parcours discographique riche de plus d’une vingtaine d’albums et cinquante ans de carrière en solitaire.
Elégant brin taiseux
L’histoire avait commencé bien avant pour le jeune Alain Le Govic, pianiste contrarié mais organiste inspiré chez Les Mods, enrôlé encore mineur par un certain Jacques Dutronc, alors au sommet du cynisme chic sous haute influence Lanzmann. 17 ans, juillet 1966, tout sourit, « habillés par Cardin et chaussés par Carvil ». Puis 1968, un printemps contrarié , l’hospitalité de Dick Rivers, une poignée de 45 tours conjuguant flop à tous les temps. La tournée, infructueuse, des éditeurs, la gloire semble si loin.
Et vint Cloclo, chanteur populaire, tyrannique et amateur de nymphes prépubères, qui pousse l’élégant brun taiseux à retenter sa chance, forcer le destin. Quelques tubes pour minettes (L’Amour en France, Adieu mon bébé chanteur, Le Temps qui court) pour l’étiquette Disques Flèche du James Brown du Caire, et l’inévitable rupture.
Et vinrent les années Gainsbourg, hors pair orfèvre pour trilogie de luxe (Rock’n’Rose, Poses, Amour, année zéro). Lio à son bras, Manureva dans le jukebox. Triomphe critique et public ; survivant à la fâcherie (« Chamfaible », lâchera le sac à vin de la rue de Verneuil). Les années 1980 se savourent king size.
Écarter le chagrin d’un revers de la main
La décennie suivante, grâce à la plume du génial Jacques Duvall (L’Ennemi dans la glace, quelle splendeur…), voit le flegmatique quinqua embrasser un succès d’estime, tourner avec l’immense Steve Nieve (LE pianiste d’Elvis Costello) et prendre la porte de CBS. Vengé, temporairement, par Delabel, en 2003, souvenir du clip Les Beaux Yeux de Laure, l’oiseau est repêché par Bertrand Burgalat, au festival des Nuits Botanique, à Bruxelles, en octobre 2001, et lors d’une « carte blanche » à la Cité de la Musique, en 2002. Las, la rencontre au sommet ne donnera rien par la suite.
Il y aura des coups d’éclat (Une vie Saint-Laurent grâce au site vente-privee.com), des duos au féminin peu convaincants (Elles et lui), des remix gênants (Le Meilleur d’Alain Chamfort (Versions revisitées)). Entre sortie de route et parfum de sapin, on pouvait redouter le pire quand surgit Sébastien Tellier, jadis au chevet de Christophe, produisant un EP, à l’ancienne, pour l’ancien avec rafraîchissant Whisky glace en guise de bristol. Écarter le chagrin d’un revers de la main. « Tu n’es pas concerné/Plutôt du genre consterné/Et pourquoi pas/Si c’est c’qui te va ? »
Marc A. Bertin
Alain Chamfort,
samedi 16 novembre, 20h30,
Le Rocher de Palmer, Cenon (33).
samedi 30 novembre, 20h30,
théâtre Cravey, La-Teste-de-Buch (33).
mercredi 11 décembre, 20h,
espace Republic Corner, Poitiers (86).