À Bayonne, le Didam expose le jeune photographe local Guillaume Fauveau avec « Fragments de réalité, Errealitateari so ».

Natif de Bayonne, Guillaume Fauveau a fait des études à Bordeaux (un master d’économie), a voyagé et est revenu sur la côte basque, notamment motivé par son amour pour le surf, sport qu’il pratique et a largement documenté.

La photographie, il l’a apprise en autodidacte puis au contact des professionnels dont il a été l’assistant. Photojournaliste depuis 2019, il a assuré de nombreuses commandes pour la presse basque (Mediabask, Berria), au gré de l’actualité, toujours au service de lignes éditoriales affirmées : lutte pour la terre, le logement, les droits sociaux, la défense des minorités, le combat pour la diversité culturelle…

Accrochage emblématique

Accrochage emblématique de cet engagement, en complément de ses travaux de reportage en Pays basque nord, un couloir entier du Didam est consacré à la restitution de sa longue et patiente immersion dans Pausa, le centre de transit pour migrants ouvert en 2018 à Bayonne — littéralement à quelques pas du centre d’art, sur la rive droite de l’Adour —, des photos qui furent en partie reprises dans le quotidien Libération.

Généreuse en portraits, l’exposition donne à voir des personnalités publiques (Iñaki Echaniz, député des Pyrénées-Atlantiques, ou Lilou Echeverria, président de la Fédération française de pelote basque), des artistes (la danseuse de ballet Lucia Lacarra, le chorégraphe Thierry Malandain…) et bien sûr des militants basques (Jean-Noël “Txetx” Etcheverry, Lorentxa Beyrie à sa sortie de prison).

De Félix Buff (Rüdinger, Willis Drummond…) aux filles du groupe Zetkin, le choix des tirages témoigne du goût du photographe, qui aime collaborer avec les acteurs locaux du monde de la musique : la salle Atabal (Biarritz), le festival Usopop (Sarre) ou le studio Shorebreaker (Tarnos).

Une dernière série est dédiée à « l’heure bleue », avec des images captées dans la fragile lumière du crépuscule. Là, les ambiances rendent hommage aux maîtres du cinéma américain que Guillaume Fauveau admire : David Lynch ou Roger Deakins, le directeur de la photo des frères Coen. L’œil peut alors se poser sur un travail plus personnel, voire pictural ou poétique. Les paysages y sont ceux de la Californie, de l’Islande et (aurait-on pu imaginer une infidélité ?) du Pays basque.

Guillaume Gouardes

« Fragments de réalité, Errealitateari so », Guillaume Fauveau,
jusqu’au dimanche 23 mars,
Didam, Bayonne (64).