Nées il y a 33 ans, les Nuits Magiques bougent plus que jamais. Incontournable, le festival d’animation qui se tient du 11 au 17 décembre prend désormais ses aises à Bordeaux et garde le cap d’une programmation audacieuse et inattendue.
La pérennité exceptionnelle des Nuits Magiques est gage de sa qualité. Lancé et toujours animé par Fabrice di Rosa et son association Flip-book, le rendez-vous s’emploie à montrer la créativité d’un domaine longtemps associé à l’idée de simple divertissement pour enfants.
Aller chercher des pépites du monde entier
En véritable tête chercheuse, le festival se démarque du tout-venant de l’animation qui se déverse en flux sur les écrans pour aller chercher des pépites du monde entier, sans œillères, ni écoles. Si les Nuits Magiques invitent chaque spectateur à voter en fin de séance pour choisir sa réalisation préférée, l’essentiel reste dans l’envie de faire découvrir des univers et des personnalités singulières.
Disséminé dans plusieurs lieux bordelais (avec pour centre névralgique le cinéma Utopia), le festival se déploie autour de quatre programmes : trois pour le public adulte, un pour les plus jeunes. Réceptacles du monde déglingué qui nous entoure, les sujets sont parfois lourds (immigration, exil, pauvreté, effondrement écologique…), quand d’autres nous promettent de la rêverie et de la poésie tel Piano in the Bushes, film russo-estonien, curieux récit autour d’un personnage doté d’une main à la place de la tête.
La création japonaise à l’honneur
Hors compétition, la création japonaise sera évidemment présente, mais toujours dans l’optique d’y dévoiler un pan méconnu de la production avec la dernière œuvre du sensei Rintarō qui, aidé d’Ōtomo, rend hommage à Sadao Yamanaka, un réalisateur mort prématurément qui inspira fortement le grand Ozu. Se détournant de la codification des animés nippons, d’autres réalisations viendront toucher à l’abstraction ou développer des univers graphiques rappelant des styles plus européens montrant la porosité des influences.
Dans la sélection French Touch dédiée à la scène locale, on guette L’Homme à la Gordini, récit d’une lutte à mort contre le « totalitarisme orange » qui ne parle pas de Donald Trump mais de la fascination monochromatique pour cette couleur dans les années 1970.
Oubliez Speedy Gonzales ! Prenez le temps de vous plonger dans la riche mais méconnue histoire de l’animation mexicaine à travers des projections gratuites à l’institut Cervantès : découpée en trois cycles, cette sélection mêlant tradition locale et sujets sociétaux mettra aussi en avant des créations exclusivement féminines. ¡ Arriba, arriba, on y court !
Fred Quimby
Informations pratiques
Les Nuits Magiques – Festival international du film d’animation,
du mercredi 11 au mardi 17 décembre,
Bordeaux (33).