Le Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne, à Rochechouart, met à l’honneur jusqu’au 15 décembre l’œuvre picturale de Raoul Hausmann, dadaïste viennois, exilé en Limousin dès 1933.

Pour qui l’ignorerait encore, c’est à quelques pas d’une célèbre météorite que le Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne fait fructifier le fonds Raoul Hausmann. Et les chiffres provoquent le vertige : 700 œuvres et un ensemble d’archives considérable (poèmes, textes théoriques, correspondances — 6 000 lettres —, carnets et 1 200 négatifs photographiques).

Né à Vienne en 1886, Raoul Hausmann part pour Berlin en 1900. Atavisme familial ou prédestination, son père est peintre, il se lance dans la carrière sous haute influence — expressionnisme, cubisme, futurisme — avant de prendre part, en 1918, au mouvement Dada Berlin, deux ans après la création de Dada à Zürich.

Déclaré artiste dégénéré en 1933

Dès lors, il abandonne la peinture au profit du collage, du photomontage et de la poésie sonore. Emblématiques de ces années, Mechanischer Kopf(1919), et fmsbw (1918) que reprendra Kurt Schwitters dans son œuvre Ursonate.

La décennie suivante le voit musarder entre la capitale allemande, la mer du Nord et la mer Baltique, se consacrant principalement à la photographie et à l’écriture, tout en poursuivant des recherches scientifiques ; ainsi imagine-t-il l’optophone, appareil qui transformerait en musique les couleurs et vice versa.

Déclaré artiste dégénéré, en 1933, il fuit l’Allemagne nazie, parcourt l’Europe — Ibiza, Paris, Zürich, Prague — avant de se fixer, à l’automne 1939, à Peyrat-le-Château. C’est ici, en Limousin, qu’il passe les années de guerre et demeure jusqu’à son décès en 1971.

Retour à la peinture

En 1959, installé à Limoges depuis quinze ans dans un relatif anonymat, Hausmann se remet à peindre, en réaction à la peinture abstraite de la seconde École de Paris — Jean Bazaine, Alfred Manessier, Roger Bissière, Jean Le Moal, Édouard Pignon ou Maurice Estève — qui règne alors. Durant cinq ans, il réalise une centaine de peintures, dont une trentaine sont aujourd’hui conservées dans le fonds Hausmann du Musée départemental d’art contemporain de la Haute-Vienne

« Raoul Hausmann – Peintre » explore sa rapide évolution, de toiles sombres et tourmentées à des œuvres plus analytiques, toujours exécutées avec la rapidité d’un geste spontané. En parallèle, photographies, collages et écrits produits à la même période reflètent la pluralité de sa création, nourrie de jeux de langage et d’innovations visuelles. « Le monde a besoin de tendances nouvelles en poésure et peintrie », déclarait-il à l’époque.

Alain Claverie

Informations pratiques

« Raoul Hausmann – Peintre »,
jusqu’au dimanche 15 décembre,
Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne – château de Rochechouart, Rochechouart (87).