Sur la scène du théâtre Quintaou, à Anglet, Marc Blanchet et Hélène François tordent le cou aux idées reçues sur la condition d’aède avec « une vraie vie de poète« .
On se souvient de l’émoi suscité, au printemps dernier, par la décision de la direction de France Culture de supprimer l’émission de Manou Farine, Poésie et ainsi de suite, signant de facto la disparition de sa maigre place au sein des programmes de l’antenne. Une décision aussi brutale que désolante, frappée du sceau du mépris, mais tellement révélatrice d’une époque consacrant l’immonde Arthur Teboul en nouveau petit prince du genre.
Vous écrivez de la poésie ? C’est merveilleux.
Pas si loin de ce misérable fait d’armes, Marc Blanchet dressait un constat pour le moins similaire. « — Vous écrivez de la poésie ? C’est merveilleux. On en a bien besoin de nos jours. — Merci. Mais vous en lisez ? — Non, pas du tout. » Depuis longtemps, le Tourangeau, poète de métier, n’est nullement dupe de son sort. Homme de lettres, rompu par nécessité aux boulots alimentaires, il n’en demeure pas moins un poète accompli, édité, lu.
« Quand j’ai fait la connaissance de Marc Blanchet, je rencontrais pour la première fois un vrai poète. Avant lui, les poètes que j’ai pratiqués étaient soit morts, soit maudits (ou les deux). Ce qui m’a frappée, et m’a fait tout de suite l’aimer, c’est le regard lucide et hilarant qu’il porte sur sa vie, sa condition de poète et son milieu ; un milieu littéraire marginal en termes médiatiques alors que le nombre de livres de poésie qui paraissent chaque année est considérable pour un genre littéraire, où il y a, comme le dit Marc, les ego les plus forts et le moins de lecteurs. » Ainsi Hélène François, metteuse en scène de Thomas joue ses perruques, résume-t-elle son coup de cœur pour cette personnalité hors norme, auteur d’une douzaine de livres de poésie, mais également prosateur, essayiste, photographe… et rédacteur.
Une vie dédiée à l’écriture
Ensemble, ils ont coécrit Une vraie vie de poète, seul-en-scène aux vertus que l’on peut supposer « thérapeutiques » car si la poésie jouit encore d’une forme de respect, suscitant toujours force fantasmes, son exposition médiatique est désormais aussi insignifiante que son lectorat. Ainsi, 500 exemplaires et voilà un best-seller…
Donc, au plateau, avec sa bite et son couteau, Marc Blanchet se (la) raconte, sans fard ni faux semblants, à la première personne. Soit une vie dédiée à l’écriture, à l’amour des mots, en autant de séquences jouant entre narration autobiographique, traits d’esprit et voyages à travers le temps et l’espace. Amateur de digressions — l’apprentissage de l’écriture, un sauvetage canin dans une piscine belge, une résidence d’écrivain catastrophique, une compétition de « cracher de pépins de melon », une (dés)intégration en entreprise —, il fait (re)découvrir la beauté de l’écriture poétique, la sienne et celle des autres, d’hier à aujourd’hui. Et danse s’il le faut (sous le regard bienveillant de la danseuse et chorégraphe Anne-Sophie Lancelin).
Comme l’écrivait Michel Houellebecq : « Le poète est celui qui se recouvre d’huile/Avant d’avoir usé les masques de survie. »
B.P. Perino
Informations pratiques
Une vraie vie de poète, Marc Blanchet & Hélène François,
du mardi 5 au vendredi 8 novembre, 20h,
Théâtre Quintaou, Anglet (64).
Rencontre avec Marc Blanchet et Hélène François, animée par Pierre Vilar,
mercredi 6 novembre, 14h,
librairie Livrévou, Anglet (64).