Pour sa 9e édition, le Festival international du film d’architecture et des aventures constructives (FIFAAC) explore le thème des salles de cinéma. Bruno Gerbier, vice-président, et Dominique Noël, programmateur, jouent les ouvreurs.

Pourquoi avoir orienté cette 9e édition sur la thématique des salles de cinéma ?  

Bruno Gerbier : Les années où il n’y a pas de compétition, nous essayons de développer un thème avec, parfois, des films de différentes époques. Lors de notre dernière sélection compétitive, il y a eu plusieurs films évoquant cet univers. C’est vrai qu’à la croisée du cinéma et de l’architecture, nos créneaux, se trouvent les établissements où sont projetés les films !

Dominique Noël : Il existe, en outre, un patrimoine exceptionnel comme l’illustre la série de films documentaires Cinémas mythiques, consacrée à des cinémas emblématiques du monde entier. Nous allons projeter un épisode centré sur le Modernissimo, cinéma souterrain situé à Bologne, à l’histoire tumultueuse, qui a été rénové et inauguré par Martin Scorsese lors de sa réouverture.

Il y a aussi des films grand public qui prennent comme toile de fond les salles de cinéma tel Empire of Light de Sam Mendes que nous projetons lors de la soirée inaugurale, samedi 19 octobre. Enfin, la grosse actualité cinéma, c’est la sortie de Megalopolis de Francis Ford Coppola, que nous projetons en partenariat avec Utopia Saint-Siméon le 21 octobre, suivi d’un débat avec Nicolas Labarre, professeur de civilisation américaine et spécialiste de la science-fiction américaine à l’Université Bordeaux Montaigne.

B.G. : Au total, cette année, nous avons une quinzaine de séances, dont six consacrées aux salles de cinéma.

La construction des cinémas semble de plus en plus normalisée alors qu’au XIXe siècle, puis au XXe siècle, certains complexes étaient des chefs-d’œuvre architecturaux. Comment expliquer ce phénomène ? Une possible normalisation de la place des cinémas dans notre société ?

D.N. : Cela dépend de l’architecte, je pense. Il y a des multisalles en banlieue qui ressemblent pour certains à des usines de cinéma. Dans certains cas, en ville, il y a des efforts. Il y a aussi des réhabilitations comme pour l’Utopia Saint-Siméon, qui prend place dans une ancienne église, ou le Mégarama Le Français dans un théâtre, à Bordeaux.

B.G. : Au départ, le cinéma était projeté dans les théâtres mais rapidement face au potentiel économique, des établissements spécialisés se sont développés avec de magnifiques façades, très belles, emblématiques et attractives, mais, derrière, souvent, c’était un hangar ! C’est la naissance d’une industrie du divertissement accessible au plus grand nombre qui s’est développée des années 1910 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Ensuite, il y a eu une crise qui a touché la fréquentation des salles, qui a démarré à la fin des années 1950 jusqu’au début des années 1990, notamment avec la télévision. Puis, il y a eu la VHS et les autres nouveautés qui ont obligé les salles et les exploitants à se renouveler dans ce qu’ils proposaient pour maintenir un attrait pour les spectateurs.

Quels seront les temps forts du festival ?

B.G. : Il y aura l’exposition photographique « Du cinéma dans nos vies, des cinémas dans nos villes » reprenant des clichés de Jean-Christophe Garcia montrant des salles de cinéma girondines prises à différentes époques. Elle sera accrochée au cinéma La Lanterne avant une itinérance prévue dans des salles du territoire girondin en novembre et décembre.

Il y a tout le cycle de films autour des salles de cinéma que nous avons évoqué. Il y aura aussi des projections durant les journées nationales de l’architecture avec des projections notamment aux Glacières de Caudéran avec deux documentaires réhabilitant l’importance de deux collaborateurs de Le Corbusier, à savoir Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand.

Dernière question, sûrement la plus compliquée, quel est votre salle de cinéma préférée en Nouvelle-Aquitaine.

B.G. : Difficile de ne pas citer La Lanterne, à Bègles, où va se passer une bonne partie du festival. Un cinéma repris par l’association Vive le cinéma qui fait renaître un peu le lieu de ses cendres après une période difficile.

Ils l’ont repris en septembre dernier et c’est une aventure remarquable avec une programmation associative, l’appel à des bénévoles, des partenariats avec beaucoup d’associations qui défendent des films d’art et d’essai et un cinéma militant.

Propos recueillis par Charles Banegas

Informations pratiques

FIFAAC,
du vendredi 18 au dimanche 27 octobre,
Bègles et Bordeaux Métropole (33).