Jusqu’au 28 juillet, la Ville de Mérignac propose un florilège issu des impressionnantes archives du légendaire photographe et critique musical disparu en 2008, Alain Dister.

« Dans les années 1960, il n’y avait pas de culture photographique, il y avait un caractère très spontané à toutes ces images, mais j’avais envie de me servir de l’appareil photo comme un moyen de communication, le moyen de reconnaissance aussi, de reconnaissance de terrain et d’un territoire social1. »

À l’opposé d’Henri Cartier-Bresson, Alain Dister fut un photographe vernaculaire, baby-boomer durablement marqué par l’Amérique, son jazz et sa Beat Generation, devenu inséparable de l’aventure éditoriale du magazine Rock & Folk.

De Haight-Ashbury, à San Francisco, en 1966, aux spasmes punk en 1976, du Grand Canyon à la Fête de l’Huma, de Paris à Tokyo, en passant par Bordeaux 1983, le natif de Lyon, épris de Gregory Corso, a naturellement documenté la naissance des scènes musicales, des sous-cultures et de la jeunesse s’émancipant.

Le panthéon rock

Si beaucoup rattachent son œuvre pléthorique au panthéon rock, le travail de fourmi mené par Émilie Flory, commissaire de l’exposition, ancienne directrice du centre d’art contemporain image/imatge à Orthez, fait (res)surgir l’incroyable portraitiste de superstar ou de quidam, en noir et blanc ou en couleur. « C’est une question de regard, un jour l’œil capte la couleur avec ses teintes et dominantes et, un autre jour, on voit l’essentiel, du noir et blanc, et la couleur devient plus anecdotique2. »

155 clichés comme une espèce de tentative de transmission d’un témoin qui, un jour, tourna l’objectif vers le public et la marge, accompagnés d’écrits — Dister fut un prolifique graphomane — et d’un collage sonore de Rainier Lericolais extrait des mille et une cassettes d’entretiens et autres bootlegs. « Not necessarily stoned, but beautiful », Jimi Hendrix.

Marc A. Bertin

  1. For intérieur, Alain Dister, 21/05/2006, France Culture
  2. Idem.

Informations pratiques

« Dister Sessions »,
jusqu’au dimanche 28 juillet,
Vieille Église et médiathèque Michèle Sainte-Marie,
Mérignac (33).

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