L’Opéra national de Bordeaux vient de dévoiler une foisonnante programmation pour la saison 2024-2025 avec près de 250 levers de rideaux ponctués d’immanquables et d’audacieuses propositions.
À partir de septembre 2024, quel que soit l’horizon artistique choisi, il sera à contempler depuis l’Opéra National de Bordeaux (ONB). C’est ce qu’il ressort, en substance, de la présentation de la saison 2024-2025, dévoilée lundi 3 juin. Avec comme ligne directrice la volonté de mettre en avant « des nouveaux récits et des nouveaux horizons », l’ONB table sur près de 250 levers de rideaux, offrant ainsi aux spectateurs un véritable kaléidoscope de propositions.
Un désir d’exploration à l’œuvre dans le choix des opéras de la saison. Ainsi, Le chapeau de paille d’Italie de Nino Rota, célébré pour son travail de compositeur de musique pour Federico Fellini, nous fera traverser les Alpes. Autre voyage, en Chine cette fois-ci, avec sur la scène du Grand-Théâtre Le Pavillon aux pivoines, chef-d’œuvre de l’opéra traditionnel Kunqu composé à la fin du XVIe siècle. Pas besoin de prévoir de mouchoirs, à part pour le surplus d’émotions de voir performer la troupe d’Opéra Kunqu de Shangaï, l’œuvre poétique se termine bien.
Du Cambodge à l’espace, l’Opéra de Bordeaux continue son exploration
De la noirceur, il y en aura en revanche sûrement du 22 au 26 octobre. Comment pourrait-il en être autrement puisque durant le thème de « noirs pluriels » sera exploré via conférence, performance et même un concert symphonique explorant la Symphonie n°4 de Johannes Brahms par l’Académie d’orchestre Nouvelle-Aquitaine dirigé par Sora Elisabeth Lee.
Fidèle à sa volonté de ponctuer l’année de temps forts, l’ONB continue sa découverte artistique du monde (Brésil, Naples…). Nouveauté de la prochaine saison : un accent mis aussi sur des thématiques particulières des noirs pluriels donc aux résistances.
M, Jeanne Added, Hiromi, Jordi Savall…
Pour les spectateurs des deux écrins de prestige que sont le Grand-Théâtre (970 places) et l’Auditorium (1 450 places), le spectre des réjouissances sera large. De la danse avec évidemment le ballet de l’Opéra de Bordeaux et le retour de Casse-Noisette après dix ans d’absence ou le très très attendu Corsaire de José Martinez. A ne pas manquer non plus le passage du renommé Ballet royal de Cambodge.
Le Chœur de l’Opéra de Bordeaux sera aussi sur le pont toute l’année pour faire vibrer les spectateurs avec la dixième année de Salvatore Caputo à la tête du chœur. Difficile aussi de passer sous silence la dense saison de piano avec en particulier le passage de la virtuose Hiromi.
Grand nom toujours mais dans un tout autre registre avec la venue de Jordi Savall en juin prochain. Et dans ce florilège de tête d’affiches, comment ne pas citer Jeanne Added ou l’enthousiasmant duo de guitaristes M- et Thibault Cauvin. Preuve s’il en fallait de l’ouverture de l’ONB à toutes les musiques.
Joseph Swensen, un atout majeur
Autre actualité, et non des moindres, la prise de poste effective à la tête de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine (ONBA) de Joseph Swensen. Un homme aux multiples talents dont celui de compositeur, il égrènera d’ailleurs sa Saga trilogy (2021-2022), écrite pendant la pandémie de Covid-19 en trois concerts durant l’année.
C’est sous sa baguette que l’établissement, qui reste le premier employeur dans le domaine du spectacle vivant en Nouvelle-Aquitaine, effectuera sa rentrée avec le concert d’ouverture le 20 septembre. Un immanquable diffusé en simultané dans 40 lieux de la région, à écouter en direct sur France Musique et même à Munich et Los Angeles, deux villes jumelées avec Bordeaux.
Une réjouissance démontrant la volonté de l’institution d’aller à la rencontre du public. « Si vous ne venez pas à l’Opéra, c’est l’opéra qui viendra à vous », comme le résume Emmanuel Hondré, directeur général de l’établissement. Dès lors, peu de surprise à voir les représentations hors-les-murs en augmentation avec 74 représentations de Golden Hour joué à La Rochelle aux nombreux concerts symphoniques données par l’ONBA.
Ouverture et démocratisation
Un travail d’ouverture et de démocratisation qui s’effectue aussi à l’intérieur de la maison. Opéra participatif avec Un élixir d’amour, bal participatif, concert de Noël avec vote du public … Les propositions pour faire du public un acteur à part entière du spectacle qu’il est venu voir sont nombreuses.
Un Opéra pour tous les âges, en atteste la programmation jeune public avec des propositions démarrant à partir de 6 mois et suivant les thématiques de la saison. Autre action à souligner, « les concerts détente », soirées travaillées en amont avec des associations pour accueillir au mieux des personnes en situation de handicap mental.
Avant de conclure ce mince panorama, forcément subjectif, un essentiel : les dates d’ouverture de la billetterie. Le 8 juin pour les abonnements, le 30 août pour les réservations à l’unité. Et il faudra faire vite à la vue des résultats de l’année écoulée. 230 000 visiteurs, un taux de remplissage de plus de 80 %, 5 700 abonnés… les places devraient partir vite. Surtout si l’on ajoute le fait que malgré une période inflationniste, les tarifs ne sont pas à la hausse. Vivement septembre pour pouvoir en profiter !
Guillaume Fournier