Avec « CROQUEZ! LA BD MET LES PIEDS DANS LE PLAT », le Musée de la BD d’Angoulême explore les nombreux liens qui unissent le 9e Art et l’alimentation dans une exposition pantagruélique. Miam !
Imagine-t-on Popeye sans ses épinards ? Obélix sans sa potion ? Ou un Schtroumpf sans sa salsepareille ?
Partant du constat que la nourriture est présente dans l’histoire de la bande dessinée depuis son origine, le musée de la BD à Angoulême explore les liens multiples entretenus entre le 9e art et l’alimentation, une façon originale de montrer les évolutions du médium tout autant que la manière dont les arts de la table et la gourmandise ont inspiré moult créateurs selon les époques.
Sauce satirique à Angoulême
Au-delà de l’immanquable banquet à la fin des albums d’Astérix ou des aventures spatio-temporelles de Valérian qui se nouent parfois au détour d’une blanquette de veau (génial Christin !), le mérite de l’exposition est d’embrasser une vision de la nourriture à travers tous les enjeux qu’elle représente et implique, à la fois comme instant de convivialité mais aussi comme révélateur d’un art de vivre pas toujours en phase avec l’environnement.
Ainsi parler d’alimentation, c’est aussi traiter à la sauce satirique de malbouffe, des ravages de l’agriculture industrielle, en convoquant autant des romans graphiques que des unes de Charlie Hebdo ou du New Yorker.
C’est aussi Crumb qui dessine sur des nappes en attendant son repas, des flics en surpoids comme L’Outremangeur de Ferrandez et Benacquista la biographie en bande dessinée du chef Dodin-Bouffant ou des étiquettes de vin illustrées par des bédéastes, sans oublier l’iconique affiche de La Grande Bouffe signée de l’immense Reiser, – film orgiaque qui scandalisa en son temps la distinguée Ingrid Bergman.
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Des tandems de dessinateurs -cuisiniers
Toutefois, la nourriture, c’est d’abord une expérience de l’ordre de l’intime, de la subjectivité et des sensations. Le Gourmet solitaire, petit chef-d’œuvre goûtu de Taniguchi ou l’autobiographie culinaire d’Aurélia Aurita sont pimentés par les Cauchemars d’un amateur de fondue de Winsor McCay, série de gags lysergiques qui, un siècle après leur création, nous font toujours un effet bœuf.
Naturellement, l’exposition ménage une grande place à la BD documentaire et aux portraits de cuisiniers, paysans, vignerons, sur lesquels se sont penchés des reporters graphiques comme Davodeau, Blain ou Guillaume Long.
Plus inattendue, une dernière partie interroge la cuisine de demain à travers les réalisations de 14 tandems de dessinateurs-cuisiniers invitant à imaginer une cuisine plus écolo, plus saine ou carrément disruptive, comme l’illustrateur Donatien Mary et la cheffe Céline Pham qui, oubliant le menu végé, nous proposent de sympathiques recettes… cannibales. Qu’en dit le Grand Miam ?
Nicolas Trespallé
Informations pratiques
« Croquez ! La BD met les pieds dans le plat »,
jusqu’au dimanche 10 novembre,
musée de la bande dessinée, Angoulême (16).