Jeune, talentueux, symbole de sa génération, Feldup vient défendre Stared at from a Distance, deuxième album hautement cathartique, sur la scène bordelaise de la Rock School Barbey.
Félix Dupuis, petite vingtaine, tête d’enfant égaré, entre otaku et adolescent attardé, ne fait pas les gros titres de la presse musicale qui lui préfère les serpillières à la mode cumulant des millions de streams. Il faut dire que Feldup, pour la scène, ne sacrifie ni au rap variété enchantant les préaux et le plateau de Quotidien, ni à l’electro molle destinée à vendre des SUV hybrides.
Un tort, peut-être. L’indie rock, plus encore, celui sous influence Radiohead période Pablo Honey/The Bends, n’étant plus qu’un souvenir, hormis dans le cœur de quinquagénaires chialant l’insouciance béate de leurs 20 ans, le risque semble désigner au mieux un angle mort, au pire un échec commercial.
Des textes nus, froids et profondément intimes
Or, Feldup est un pur produit de son siècle, né avec Internet, geek nourrissant une chaîne YouTube™ forte d’une communauté dépassant 1,4 millions d’abonnés ! Autant dire qu’en termes de fan base, le minot pulvérise Eddy de Pretto et qu’il a le bon goût de publier ses disques chez Talitres, intransigeante étiquette indépendante, et non en licence chez Universal.
Après son coup d’essai A Thousand Doors, Just One Key (2020), Stared at from a Distance (2023), plus d’une heure au compteur, s’envisage à la manière d’un exutoire à la suite d’un trauma. « Des morceaux ont commencé à prendre forme soudainement quand j’ai arrêté de me forcer à écrire sur autre chose ou d’édulcorer mon expérience. J’ai écrit ces textes nus, froids et profondément intimes, ajouté ensuite les instrumentations puis les ai transformés en morceaux. » Inutile de rentrer dans les détails, il suffit d’écouter cette folle confession.
Confession digne d’une libération insensée à la lecture de l’impressionnant fil des commentaires sur la page du garçon. De mémoire récente, on a rarement vu tel phénomène.
Marc A. Bertin
Informations pratiques
Feldup,
jeudi 18 avril, 20h30,
Rock School Barbey, Bordeaux (33).