Ocean Fest, The bandulus … Sélection de combats sous forme de concerts énergiques qui auront lieu durant ce mois d’avril en Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux à Biarritz , sans autre ordre ou logique que l’ordre chronologique.
Mourir à 27 ans, quelle tristesse. N’oublions jamais. Pour une série de concerts tenant aussi un peu du karaoké géant, le groupe Headcases (Jarnac, 1997-2007, puis sporadiquement réactivé), partenaire officiel du devoir de mémoire, a ressorti les tablatures de Nirvana.
Il faut dire que le trio charentais est scotché aux années 1990 comme une pédale de distorsion Boss DS-1 et ses jacks sont scotchés à la scène : au gaffeur toilé. Attention, le spectacle est annoncé comme « interactif », avec un public chauffé à blanc par un quiz sociologique sur l’univers du rock centré sur la période des années 1990 à 1999 (de quoi carrément relancer cette rumeur élyséenne de plan B pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques avec une possible participation de Silmarils reformés spécialement pour interpréter Cours vite, a cappella, sacré défi). « Une expérience immersive et divertissante », selon le communiqué de presse.
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Combat pour sa place dans le pit
Il suffit de feuilleter son quotidien d’information pour s’en forger la certitude : l’époque est hardcore. Alors, Angoulême se veut raccord, avec, à la Nef, le festival The Day of Hardcore. Huitième édition, par les kids, pour les kids, et même pour les vieux kids sur le retour.
Avec Comeback Kid (Canada), qui joue du punk hardcore, Grove Street (Angleterre), qui joue du crossover hardcore ou encore Arkangel (Belgique), qui joue du « hardcore H8000 ». L’explication de ce dernier terme, c’est que ce style de hardcore est né dans diverses communes de Flandre-Occidentale dont les codes postaux, en vertu des nomenclatures en vigueur dans l’administration belge, sont composés d’un nombre compris entre 8000 et 8980, le H étant placé en position initiale pour un effet phonétique de prononciation haineuse du chiffre huit.
Un peu comme si des styles de hardcore avaient vu le jour dans les communes de Latronche, en Corrèze, ou Monteton, dans le Lot-et-Garonne, et avaient été baptisés, respectivement, H19160 ou H47120 (ou si, plus globalement, à l’échelle des douze départements cumulés, on avait parlé de « Région-Nouvelle-Aquit-Haine »). Rendez-vous dans le pit, à la Nef, donc.
Combat pour la Jamaïque
« Double dynamite » (c’est vendu comme ça) : The Bandulus (USA) tournent en Europe avec leurs amis belges The Utopians (de Bruxelles, codes postaux de 1000 à 1299). La recette de leur mélange explosif plutôt 60s, c’est une grosse base rocksteady, de la soul et des harmonies façon Stax ou Motown. Ils jouent au Magnéto (à Bayonne), dans la foulée de leurs dates en Espagne et sur la route d’un concert dans le plus petit bar musical de Toulouse, dont ils devraient à eux seuls garantir 50% du remplissage de la jauge, puis à Blonde Venus, à Bordeaux.
On compte sur vous pour faire savoir ce savoureux détail au dénommé Jeremy Peña, fondateur du groupe The Bandulus (à Austin, au Texas) : le Magnéto a été aménagé dans une ancienne peña, elle-même située au rez-de-chaussée du sous-sol abritant le local de la légendaire Baiona Banda (« Né en 1975, ce groupe de musiciens porte haut les couleurs des traditions festives de Bayonne dans les diverses férias de France et de Navarre »). Jeremy Peña devrait lever un sourcil amusé, car qui n’apprécie pas, à 8 208 kilomètres de sa ville d’origine, un petit clin d’œil à son patronyme ?
Combat pour les océans avec l’Ocean Fest
Et enfin, un très gros morceau. Le groupe Gojira (Ondres / New York City) a répondu à l’invitation du reporter de la télévision et du web, Hugo Clément, à se produire lors de l’Ocean Fest, événement dont les bénéfices seront reversés à Sea Shepherd France et à d’autres organisations environnementales qui ne diront pas non à un petit billet pour soutenir leur travail de protection de la vie marine dans le golfe de Gascogne et bien au-delà, dans toutes les mers du monde.
Il ne nous aura pas échappé que Gojira est avant tout un groupe de death metal, pas un lanceur d’alerte, mais, sans toutefois en avoir fait un saillant majeur de son existence, le groupe nous a habitués à de nombreuses revendications, appelant à la prise de conscience dont chaque individu peut être capable tout en devant assumer le mieux possible la gestion de ses propres contradictions (par exemple : défendre un projet de planète impliquant une moindre émission de CO2 malgré la contrainte de devoir assurer des tournées internationales pour combler l’attente de foules de fans, pas facile).
On les avait vus chanter Toxic Garbage Island contre l’accumulation de déchets de plastique dans les océans, Another World en défense de tous ces animaux dont « nous nous moquons » et que « nous massacrons », ou encore Amazonia contre la déforestation, mettant aux enchères, pour lever des fonds en faveur des tribus spoliées, la guitare gravée par Joe ou la caisse claire Tama avec laquelle Mario avait enregistré l’album Magma. Depuis l’opus From Mars to Sirius (2005) à la pochette ornée de cétacés extraterrestres et dont le morceau Flying Whales figure dans le Top 3 des setlists du groupe, la baleine a pris comme des airs d’animal totem pour Gojira.
Or l’Ocean Fest se tient à Biarritz, une ville dont le blason arbore, sur fond d’azur, une barque montée par cinq hommes, dont deux s’apprêtent à harponner une baleine qui plonge dans les flots, en représentation d’une pêche longtemps synonyme de richesse, jusqu’à son abandon il y quatre ou cinq siècles, le mammifère marin, trop chassé, ayant définitivement quitté nos vagues.
On peut penser les membres de Gojira modestes et sincères porte-paroles d’un océan qu’ils ont dû bien souvent entendre depuis leur maison sous les pins envoyer du boulet, comme on dit sur la côte, c’est-à-dire s’agiter avec force au son inoubliable d’un grondement puissant et implorant.
Guillaume Gwardeath
Informations pratiques
Smells Like 90’s Spirit : Headcases Plays Nirvana
jeudi 11 avril, 20h30,
Rock School Barbey, Bordeaux (33).
vendredi 12 avril, 20h30,
La Ferronnerie, Jurançon (64).
The Bandulus + The Utopians
dimanche 14 avril, 20h,
Le Magnéto, Bayonne (64).
mardi 16 avril, 20h30,
Blonde Venus, Bordeaux (33).
Ocean Fest : Gojira + Mass Hysteria + Orbel + Zetkin,
vendredi 26 avril,
Halle d’Iraty, Biarritz (64).
The Day Of Hardcore 2024 : Comeback Kid + Arkangel + Grove Street + Who I Am & more, samedi 4 mai, 16h,
La Nef, Angoulême (16).