Pour les Swans, nouvelle décennie, nouveau line up, nouvel album, mais demeure l’essentiel : Michael Gira et ses disciples nous lavent encore de toute la crasse du monde.
De mémoire, ce fut la résurrection la plus époustouflante dans l’industrie du sentiment depuis le 68’ Comeback Special du Christ de Tupelo, Mississippi.
Entre 2010 et 2019, Swans a purement annihilé toute velléité pour qui ne considérait la musique comme une question de survie mais juste comme un passe-temps de philistin. Résultat, 5 albums au-delà de leur temps et de leur époque et autant de tournées relevant à la fois de la catharsis et du surnaturel.
Une carrière entamée dans le bruit et la fureur
Puis, en émule de William Holden dans La Horde sauvage, Michael Gira a rebattu les cartes pour un dernier tour de piste, changeant de pistoleros, enrôlant jeunes turcs et grognards de la Vieille Garde, bien décidé à attaquer la nouvelle décennie pied au plancher ; les freins, c’est pour les lâches.
Et, parce qu’il faut bien des munitions pour partir au combat, le conquérant des années no wave a glissé The Beggar, fleuve aussi majestueux que tumultueux, dans son havresac. Album monde, album cerveau, somme d’une carrière entamée dans le bruit et la fureur en 1983, ce requiem de deux heures offre dans le même élan folk sépulcral, drone menaçant, chœurs de banshees, country gothique, kraut vénéneux. Soit la quintessence Swans plus que jamais nécessaire face à la laideur des temps obscurs.
En ce mois de février, d’un côté ou de l’autre des Pyrénées, Michael Gira fêtera ses 70 ans. Nul ne sait combien de temps il mènera encore bataille. Tel Daniel dans la fosse aux lions, relèvera-t-il les épreuves ? Ou bien nous abandonnera-t-il ? D’ici l’Armageddon, il demeure notre berger.
Marc A. Bertin
Informations pratiques
Swans + Maria W Horn,
mercredi 14 février, 20h,
La Sirène, La Rochelle (17).
vendredi 16 février, 20h30,
Atabal, Biarritz (64).