Les métiers du cuir et de la porcelaine sont en plein boom. Le marché en hausse sur la région et la forte attraction des métiers d’arts manuels en font une opportunité de carrière prometteuse, en formation initiale ou en reconversion.
D’ici 2026, 2 000 emplois seront à pourvoir dans la filière cuir, simplement en Nouvelle-Aquitaine, indique la Région. Un essor qu’accompagne un écosystème de formations d’excellence qui enseignent des spécialités précises : coupeur, piqueur, décorateur, opérateur cuir et textile…
Parmi les entreprises fleurons du secteur, on retrouve Antarès, Hermès (Nontron – 24, Montbron – 16, Saint-Junien – 87 et Saint-Vincent-de-Paul – 33), Lim Group (Le Bouscat – 33), Rubi Cuir (Boulazac – 24) ou encore les chaussures J.M. Weston (Limoges – 87). Des noms à forte résonance.
Le tremplin Thiviers
Exemple au Pôle d’excellence de Thiviers, où Lison Ritz a intégré ce milieu après un début de carrière sans lien, fait de jobs alimentaires. C’est après avoir poussé la porte de la Mission locale (structure publique d’accompagnement des jeunes de 16 à 25 ans vers l’emploi) qu’elle s’oriente vers un stage en maroquinerie, à 22 ans.
Elle y découvre la vie d’artisan à trois-quarts d’heure de route de chez elle, en se familiarisant avec la conception de sacs et de portefeuilles. Deux semaines qui la convainquent de poursuivre une ambition.
Un cursus « adulte » plus compact
À cette époque, le lycée professionnel Porte d’Aquitaine de Thiviers (24) vient d’ouvrir un département maroquinerie au sein de son Pôle d’excellence dédié au cuir. Lison y suit alors une formation spécialisée qui la conduit vers un CAP maroquinerie en 2019.
Entre les cours en atelier, ceux plus généraux et les expériences professionnelles, le tour est joué en un an grâce à un cursus « adulte » plus compact. Un stage dans une entreprise industrielle lui met le pied à l’étrier et lui permet même d’obtenir une promesse d’embauche. Mais éligible au bac pro en alternance (sur deux ans) métiers du cuir, option maroquinerie, elle poursuit ses études via la formation GRETA.
Passerelle vers l’autonomie
Trois semaines en entreprise, trois en cours : le rythme est intense et construit une passerelle vers l’autonomie. Si le CAP permet d’appliquer des consignes très précises données pour réaliser un produit, le bac pro apprend à construire un protocole de conception, ses documents techniques, son patron, les différentes étapes du processus de fabrication.
Un volet éco-gestion permet également de se préparer à une vie entrepreneuriale. L’examen (un projet de 120 heures) est réussi ! « C’était une belle revanche compte tenu de mon parcours ! Je n’avais aucun diplôme au départ, ça m’a fait beaucoup de bien. » Alors qu’une idée d’entreprise prend forme à sa sortie d’école, Lison est finalement rappelée par son lycée pour enseigner, forte de son parcours sans faute, et d’échanges humains nourris. « Il y a ici une bienveillance qu’on ressent, avec un super atelier doté d’un gros parc machines ! » À Thiviers, on dispense également un CAP de sellerie garnissage.
Incontournable Limoges
La Nouvelle-Aquitaine est également une terre de porcelaine. Première région française dans le domaine de la céramique ornementale et de table, ses entreprises reines (Bernardaud, Haviland, Guy Degrenne) recrutent actuellement afin de répondre à une forte demande depuis la fin de la crise sanitaire. Son point cardinal de formation se trouve au nord, à Limoges bien évidemment.
Le pôle formation de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) est un organisme de formation destiné au secteur industriel, dont l’antenne limougeaude s’est spécialisée dans la porcelaine. Ses certificats de qualification professionnelle (CQP) de 5 mois à 15 mois (décorateur céramiste, opérateur procédés industriels des entreprises céramiques) et BTS (industries céramiques, pour le compte du CFA céramique) accueillent tout autant des salariés, des contrats d’apprentissage, des contrats de professionnalisation ou des demandeurs d’emploi. Le parcours de ces derniers est notamment financé par la Région afin de créer une symbiose avec cet environnement économiquement dynamique.
Les métiers de la céramique ne se bornent pas à la création liée aux arts de la table. Les céramiques techniques (matières pour l’automobile, aéronautique…), réfractaires, médicales, sanitaires, les matières premières et carreaux sont également des voies porteuses. À terme, un Campus Céramique pourrait voir le jour dans une ville qui compte déjà un prestigieux Pôle européen de la céramique.
Thibaut Clin
Article issu de notre supplément Guide des Formations 2024 à retrouver en version PDF
Focus sur d’autres formations possibles
Différents métiers composent le monde du cuir : bottier, cordonnier, maroquinier, sellier… Pour s’y former, les lycées professionnels et les CFA restent les établissements référents, ainsi que le pôle formation de l’UIMM.
L’École nationale supérieure d’art et de design de Limoges propose une formation de céramiste, tout comme l’École supérieure d’art et de design des Pyrénées, à Tarbes.