Au cœur de l’hiver, c’est en Corrèze que l’on se réchauffe. De Brive-la-Gaillarde à Tulle, les « jazzs magnétiques » vous invitent à la noce avec du Bleu en Hiver.
19 ans déjà que la manifestation corrézienne donne le LA dans le registre d’une musique trop perçue comme (au choix) poussiéreuse ou en déclin. Belle constance et noble intransigeance pour affirmer une voix enjouée et une direction artistique se moquant comme d’une guigne des chapelles. Ce n’est pas parce que le « jazz à la papa » a quasiment disparu qu’il faut enterrer cette musique plus vivante et plus aventureuse que beaucoup de propositions contemporaines…
Cette année, 10 jours durant, il y a matière à saliver, s’émerveiller, s’enjailler, s’étourdir. Inutile de vouloir détailler le plantureux programme ; choisir cause du chagrin, refrain connu. Quoi qu’il en soit, voici une sélection d’immanquables à cocher sans tarder dans son agenda.
Le « poème symphonique » d’Aquaserge
La curiosité est piquée plus que de raison à la perspective du nouveau projet des géniaux Aquaserge : La Fin de l’économie le 25 janvier au théâtre de Tulle. Désormais sans Julien Gasc, fondateur historique, parti en solitaire, la formation avance au format quintet et propose un « spectacle comme un poème symphonique, une pièce en un seul mouvement inspirée d’un sujet non musical (littéraire, philosophique, historique, poétique, pictural) » à la manière d’un cadavre exquis, né après le visionnage d’une vidéo de Marguerite Duras (Comme l’histoire du futur, 1986).
Le 26 janvier, toujours à Tulle, direction le Magic Mirror de la place Gambetta, pour s’enivrer avec Rémi Geffroy, accordéoniste, tendance diatonique, virtuose, fusionnant avec maestria trad’, jazz, classique, pop, aussi à l’aise dans l’exercice du concert que celui du bal ; on ne se refait pas avec un grand-père harmoniciste et une grand-mère dirigeant un groupe folklorique dans l’Aveyron !
L’immense Chassol joue du Basquiat
Le 27 janvier, à l’heure du goûter, Maïlys Maronne, superlative pianiste, passée par la faculté du Mirail à Toulouse, l’école Music’Halle et le conservatoire de jazz et musiques actuelles de Tarbes, se livre en corps à corps avec son instrument sur la scène du théâtre de Tulle. Complice de longue date de Magic Malik — elle a intégré deux groupes du flûtiste : Fanfare XPO et Ka-frobeat —, membre du Maxiphone de Fred Pouget, cette émérite compositrice, à la tête du quintet Phonem, se la joue cette fois-ci « femme piano », le boa de Barbara en moins.
Le soir-même, retour au Magic Mirror pour accueillir Le cri du Caire, lauréat aux Victoires du Jazz 2023 dans la catégorie « album de musiques du monde ». Trio atypique et spirituel — Peter Corser, saxophone ; Karsten Hochapfel, violoncelle ; Abdullah Miniawy, chant — Le cri du Caire invente un univers d’une grande puissance métaphorique transcendant identités et frontières, entre rock, poésie soufie, jazz, spoken word et volutes orientales.
Vendredi 2 février, l’immense (Do Ré Mi) Chassol, au théâtre de Brive joue du Jean-Michel Basquiat, inspirante et inspirée création 2023 pour la Philharmonie de Paris, avec l’époustouflant Mathieu Édouard à la batterie.
Enfin, samedi 3, toujours au théâtre de Brive, 2 duos non mixtes mais super stimulants : Tarzan & Tarzan et Sugar Sugar.
Marc A. Bertin
Informations pratiques
Du Bleu en Hiver,
du jeudi 25 janvier au samedi 3 février,
Brive-la-Gaillarde et Tulle (19).
www.sn-lempreinte.fr