Toujours porté par l’association Flip-book du « Mister Cartoon » Fabrice de la Rosa, le précieux festival Les nuits magiques revient à Bègles défendre l’animation contemporaine sous toutes ses formes, avec en prime un hommage rendu à l’immense Isao Takahata.
Près de 45 courts d’animation, des pépites dénichées un peu partout dans le monde (Pologne, Portugal, Finlande, Suisse, mais aussi Inde), une place de choix faite à la production française qui, rappelons-le, reste l’une des plus dynamiques dans le domaine, Les Nuits Magiques poursuivent un travail de veille salutaire autour de la création animée dans ce qu’elle a de plus surprenant et d’audacieux.
Loin des images standardisées produites à la chaîne, le festival ambitionne d’aiguiser l’œil des plus jeunes à l’image animée tout autant que celui des amateurs les plus avertis. Comme à l’habitude, différents votes du public viendront ainsi récompenser les productions les plus inventives, offrant une belle carte de visite aux différents lauréats.
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Une forme d’animation atypique
Après une mise en jambe avec une sélection de courts autour de la musique, la compétition verra ainsi s’affronter des cartoons brassant des thèmes larges, de la description de l’enfer du monde du travail (Fashion 2.0, Galibot…) à la fable antimilitariste (Code Rose), des amours interdites (Ce fruit), aux contes fantaisistes et étranges (Miracasas, Pina…).
Pour ceux qui ne seraient pas pleinement rassasiés et ont moins l’esprit concurrentiel, la sélection hors-compétition ménage aussi son lot de découvertes avec un focus sur le travail de la réalisatrice Florence Miailhe, spécialiste de la « peinture animée », une forme d’animation atypique réalisée sur plaques de verre.
Un hommage à Isao Takahata, l’autre moitié du studio Ghibli
Morceau de choix du festival, le coup de chapeau rendu à Isao Takahata, cofondateur et pilier de Studio Ghibli avec Hayao Miyazaki. Disparu en 2018, le réalisateur japonais a signé des œuvres d’une grande variété, passant comme son confrère du stakhanovisme des séries tv (Heidi) aux longs métrages avec, à la clé, sans doute l’une des réalisations les plus bouleversantes et lacrymales de l’histoire du cinéma, Le Tombeau des lucioles, récit de deux orphelins rescapés de l’explosion d’Hiroshima errant dans une ville en lambeaux.
Si le style de cet anime peut apparaître le plus classique, le maître qui se considérait moins dessinateur que réalisateur a constamment pris soin de moduler son approche en fonction de ses projets, ce qui le distingue du bougon père de Totoro qui est resté toute sa carrière sur une même ligne esthétique.
Un choix plus risqué mais qui a permis la mise en chantier de futurs classiques de l’animation mondiale comme Mes Voisins les Yamada et son dernier long, Le Conte de la princesse Kaguya, inspiré de l’art dd l’ukiyo-e. Ces deux films seront présentés sous la forme d’un double programme lors d’une soirée spéciale le 30 novembre accompagnée de plusieurs animations. Venu au dessin animé grâce à la découverte de Paul Grimault dans son enfance, Isao Takahata a toujours manifesté un intérêt pour la France, cette remise en avant opportune montrant que son autre pays de cœur ne l’a pas oublié.
Ralph Bakchich
Informations pratiques
Les Nuits Magiques — Festival international du film d’animation,
du mercredi 29 novembre au dimanche 10 décembre,
La Lanterne, Bègles (33).