Créée en 2018 pour 7 danseuses, Queen Blood poursuit son chemin, trois ans après la disparation de son créateur, le chorégraphe Ousmane Sy. Rendez-vous à Limoges.
Né à Paris, en 1975, brutalement emporté par une crise cardiaque en 2020, Ousmane Sy fut, avant d’être chorégraphe, un pionnier de la danse hip-hop, usant sneakers et survêtements sur les dalles de la cité blanche, à Antony.
Membre du collectif Fair-e puis du Wanted Posse, « Babson » a remporté quatre fois la rencontre internationale Juste debout, dédiée au genre depuis 2002.
Ousmane Sy, un regretté créateur
Après avoir co-fondé Serial Stepperz, en 2012, il se lance dans l’aventure du groupe Paradox-sal, uniquement composé de danseuses. En 2014, il initie le projet All 4 House : un concept unique regroupant créations, événements, soirées et formations avec les meilleurs DJ et danseurs internationaux autour de la house music. Grâce à cette structure, il œuvre au déploiement du style qui fonde son identité de danseur virtuose : la house dance ; une des danses dites « debout » de la famille des danses hip-hop, aux jeux de jambes impressionnants.
Après plusieurs créations — Basic, Bounce, One Shot —, voici le temps de la consécration avec sa nomination, en 2019, au poste de co-directeur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne.
Queen Blood, sept filles sur un plateau
Poursuivant inlassablement sa quête de mouvements, avec Queen Blood, Ousmane Sy livre une espèce de synthèse de ses obsessions : une écriture et une composition singulières pour la house dance, mais aussi la recherche autour des gestuelles et des énergies féminines.
Avec sept filles sur le plateau, toutes danseuses d’exception et championnes de battle, la chorégraphie s’appuie à la fois sur leur virtuosité et sur leurs identités. Queen Blood, en représentation à la Maison des Arts et de la Danse à Limoges, les invite à bousculer leurs acquis techniques, à questionner leur rapport au geste et à la performance afin de rendre palpable ce que revêt, pour elles, la notion de féminité.
Ballet hip-hop dans lequel le « corps de ballet » met en valeur les étoiles et la gestuelle personnelle de chacune (hip-hop, dancehall, locking, popping, krump), ce spectacle a remporté le 3e Prix et le prix de la Technique du concours Danse élargie 2018 organisé par le Théâtre de La Ville-Paris et le Musée de la Danse-Rennes.
Nul chagrin ici car comme ne cessait de le rappeler Ousmane Sy, « la house, ce n’est pas une danse, c’est une énergie ». Alors place à la célébration et au triomphe des reines.
Alain Claverie
Informations pratiques
Queen Blood,
jeudi 12 octobre, 20h,
Maison des Arts et de la Danse, Limoges (87).