Avec Panique au Dancing à Niort, Agnès Pelletier, chorégraphe et organisatrice de la biennale, met en lumière une danse contemporaine du dehors et du dedans, où surgissent cette année des gestes féminins forts. Gros plans sur cinq spectacles.
C’hoari, vent frais breton
« Compagnie iodée de danse contemporaine made in BZH » : voici la présentation sans ambages de deux jeunes femmes les pieds ancrés dans la culture bretonne, le corps engagé dans une démarche de danse contemporaine de rue exigeante.
Pauline Sonnic et Nolwenn Ferry tournent un peu partout depuis leur premier duo Tsef Zon(e), pièce minimaliste et fiévreuse à la fois, hommage au fest-noz breton. Leur dernière création, Distro, va chercher l’inspiration du côté d’une autre pratique populaire : celle des bars et bistrots. Avec cet art d’entremêler vie quotidienne, culture sociale et geste décalé, elles ne sont pas sans rappeler la patte artistique d’Agnès Pelletier, qui a la bonne idée de programmer ces deux pièces.
L’archaïque selon Vania Vaneau
Danseuse belgo-brésilienne issue de l’école PARTS à Bruxelles, Vania Vaneau avait marqué les esprits avec Blanc (vu sur la scène de l’Avant-Scène) où déjà pointait une danse proche du rituel, désireuse de s’emparer d’autres influences, d’autres géographies.
Avec son solo Nebula, elle ancre sa création dans le milieu naturel, joue à nouveau de la figure du chamanisme, avec le cercle comme trajectoire. Pierres, charbon, minerais de toutes sortes l’accompagnent dans ce solo tellurique qui acte un alliage troublant entre monde animal, végétal et minéral.
Neuf femmes puissantes selon 1Watt
Elles marchent, défilent avec pancartes et slogans, crient leur colère et leurs doutes, dansent, chantent, s’empoignent… Pierre Pilatte de la Cie 1Watt a réuni neuf performeuses de tous horizons pour Nous impliquer dans ce qui vient, manifeste féminin ultracoloré et poétiquement décalé.
Éclatant l’espace scénique, redéfinissant la façon dont les arts de la rue se saisissent de l’espace public, ces neuf femmes puissantes posent des questions, bousculent les certitudes, rient et tremblent, au plus près du public.
Les métamorphoses libres de Sandrine Juglair pour Panique au Dancing
Entre le mât chinois, agrès traditionnellement masculin, et la barre de pole dance, Sandrine Juglair n’a pas choisi. Acrobate sortie du CNAC, passée par le Cirque Plume, la danse et l’opéra, elle a, dès son premier solo Diktat, questionné les représentations et les codes sociaux des regards sur l’autre.
Dans Dicklove, c’est la question du genre qu’elle creuse, en acrobate androgyne et comédienne explosive. S’ensuit un jeu de métamorphoses et transformations physiques, au fil d’une joyeuse performance dont le musicien qui l’accompagne est totalement partie prenante.
Choré’olympique
En 2018, Agnès Pelletier lançait un pari fou, créer une pièce participative à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine qui réunisse corps dansant et corps sportif, avec dans le viseur les JO de 2024. Elle choisit alors le format série — soit 6 épisodes, un par année — et le nomadisme – de Bordeaux à Brive, de Poitiers à Libourne.
Voici venu le temps du tout dernier épisode, le n°6, présenté en primeur à Niort, qui sera aussi celui final dansé le 22 juin à Paris aux arènes de Lutèce avec certains des 4 000 amateurs réunis tout au long de cette épopée XXL.
Stéphanie Pichon
Informations pratiques
Panique au Dancing, danse Dedans Dehors,
du mercredi 27 au samedi 30 septembre,
Niort (79).